PARIS
Les deux manifestations, similaires dans leur dispositif aux éditions précédentes, se veulent plus diverses.
L’édition 2019 du programme Hors les murs regroupe des expositions en extérieur au Jardin des Tuileries, place Vendôme et place de la Concorde, ainsi qu’une exposition au Musée national Eugène-Delacroix. Aux Tuileries, il s’agit comme chaque année d’œuvres de grand format disséminées entre l’allée centrale, les bosquets et le bassin, et accessibles gratuitement. Outre la taille monumentale, le comité de sélection présidé par Dominique de Font-Réaulx (directrice de la Médiation du Louvre) a retenu cette année deux autres critères : « Pour cette édition, nous ne pouvions pas exposer uniquement des artistes hommes, il fallait chercher un équilibre. » De fait, la sélection compte au final trois femmes sur vingt-deux artistes, soit plus que les années précédentes, mais bien loin de la parité : parmi ces artistes, la plus célèbre est l’Allemande Katinka Bock.
Un autre critère mis en avant par la conservatrice est « la légèreté » de certaines œuvres malgré leur taille imposante ; ainsi, les parapluies immergés de Noël Dolla font-ils un contrepoint aux austères rochers miroirs de Jean Denant. De même, les silhouettes découpées d’Alex Katz (voir ill.), la fontaine « parasite » de Katinka Bock et les chaises de John M. Armleder cachées dans les arbres apportent-elles un peu d’humour dans un jardin très minéral.
Pour autant plusieurs œuvres affirment leur présence imposante comme le Pouce de César, une pièce historique, ou le grand bateau à rames de Moataz Nasr. L’ensemble de la sélection reflète donc un art contemporain certes ouvert à l’international, mais encore très centré sur le monde occidental : seuls Moataz Nasr, Younès Rahmoun et Romuald Hazoumè apportent une touche d’exotisme à ce programme.
Place Vendôme, la Fiac présente une installation de la Japonaise Yayoi Kusama qui fête cette année ses quatre-vingt-dix ans. Célèbre pour son œuvre très colorée et parfois kitsch l’artiste expose une installation grand format qui joue sur les contrastes : exubérance des couleurs et des motifs contre rigueur de l’architecture environnante. Étant donné la popularité de Yayoi Kusama auprès du grand public, la Fiac n’a pas pris de risque avec ce choix.
Sur la place de la Concorde, ce sont des œuvres et installations d’architectes qui joueront avec l’architecture classique de ce lieu emblématique du patrimoine parisien. Deux maisons démontables de Jean Prouvé seront également exposées, confirmant l’ouverture de la Fiac au design et à l’architecture ces dernières années.
Plus intimiste, l’exposition au Musée Delacroix met à l’honneur le travail du Britannique Glenn Brown, notamment ses dessins figuratifs, ainsi qu’une grande sculpture. L’artiste a pu choisir des œuvres du peintre dans les réserves du musée pour proposer un dialogue sur les thèmes de la nature ou du portrait.
Côté Projects, l’exposition se tient dans le Petit Palais et avenue Winston-Churchill, devant le Grand Palais. La Fiac a confié la programmation à Rebecca Lamarche-Vadel, récemment nommée directrice de Lafayette Anticipations. La commissaire affirme vouloir une programmation « globale »à l’image de l’art contemporain mondial, tout en respectant l’architecture du bâtiment où sont exposées sculptures et installations. La sélection brasse assez large, entre jeunes artistes en vogue (Laure Prouvost, Dewar & Gicquel) et artistes plus confirmés (Françoise Pétrovitch, Présence Panchounette).
L’esprit du Palais de Tokyo
Rebecca Lamarche-Vadel a été commissaire au Palais de Tokyo et sa sélection s’en ressent, ne serait-ce que dans son choix d’œuvres ironiques ou humoristiques, et sa prédilection pour les artistes performeurs (Abraham Poincheval, Emeka Ogboh). Le soir du vernissage, le 15 octobre, l’artiste nigérian Emeka Ogboh présentera ainsi son « œuvre » sous forme d’une performance unique en collaboration avec un chef cuisinier : l’esprit Palais de Tokyo est donc bien présent au Petit Palais. La sélection jongle au final entre œuvres pointues et œuvres plus classiques, en reflet de ce qui est exposé à la Fiac, puisque ce sont les galeries elles-mêmes qui proposent les œuvres à la commissaire de Projects.
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La Fiac en grand : Hors les murs et Projects
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°530 du 4 octobre 2019, avec le titre suivant : La Fiac en grand : Hors les murs et Projects