Belgique - Foire & Salon

À la Brafa, l’art belge en majesté

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 3 janvier 2023 - 747 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

La foire bruxelloise, qui se tient du 29 janvier au 5 février 2023, est « la » manifestation à ne pas manquer pour les amoureux de l’art belge.

Collectionner  - Après Quelques Années mouvementées, entre une édition annulée en 2021 et celle de 2022 décalée à juin en raison de la pandémie, la Brafa retrouve ses dates au mois de janvier, et dans son nouvel écrin étrenné 2021 : Brussels Expo. Foire éclectique déployant un éventail d’objets de toutes disciplines et origines sur cinq mille ans d’histoire de l’art, elle est cependant le lieu privilégié pour collectionner l’art belge, sous-entendu l’art de la Belgique depuis la création du pays en 1830 jusqu’à nos jours. Épousant les mouvements internationaux, l’art belge, tant dans les beaux-arts que dans les arts décoratifs, a su trouver son équilibre entre apports extérieurs et spécificités locales.

La manifestation rassemble les meilleures enseignes du pays : sur les 130 galeries présentes pour cette 68e édition, 52 sont belges, et la plupart font la part belle aux artistes belges. Parmi elles, figurent Artimo Fine Arts (axée sur les sculptures de 1800-1950, principalement en marbre et en bronze d’artistes belges), Oscar De Vos (qui se concentre sur les peintures, dessins et sculptures de l’école de Laethem-Saint-Martin), Thomas Deprez Fine Arts (qui met l’accent sur l’art belge fin de siècle, avec une attention particulière accordée à la société d’avant-garde bruxelloise, le Groupe des XX, et aux mouvements impressionniste et symboliste) ou encore la Galerie Maurice Verbaet (principalement dédiée à l’art belge d’après-guerre). Certains artistes belges se retrouvent sur quantité de stands, comme le peintre Émile Claus ou l’orfèvre Philippe Wolfers. Pierre Alechinsky est particulièrement bien représenté cette année : Samuel Vanhoegaerden a préparé une exposition, « la plus importante en Belgique depuis longtemps », tandis qu’Harold t’Kint de Roodenbeke a rassemblé 12 œuvres de l’artiste. Même les galeries étrangères profitent de l’occasion pour apporter quelques œuvres belges (Alexis Bordes, Boulakia, Morentz, Studio 2000, etc.). Signalons enfin que l’Art nouveau, dont la Belgique est un des foyers, est le thème retenu pour 2023. Plusieurs stands jouent le jeu, tandis que le fameux tapis de la Brafa est basé sur des dessins originaux de l’architecte belge Victor Horta.

145 000 €

1. Galerie seghers (ostende) - À partir de 1862, Félicien Rops (1833-1898) réalise pour Auguste Poulet-Malassis 34 frontispices qui ont souvent, comme ici, une forte connotation érotique. Rops se forge une image d’artiste sulfureux, non seulement parce qu’il dépeint le monde de la prostitution, mais aussi parce qu’il ne craint pas de montrer les accouplements humains. Il se moque ouvertement du puritanisme et de l’hypocrisie de son époque. Ici, dans Les Aphrodites, dessin de 1864 pour le frontispice du livre d’Andréa de Nerciat, l’artiste reprend le thème de l’île de l’amour que Watteau avait traité de manière plus pudique en 1718 dans Embarquement pour Cythère.


600 000 €

2. Samuel Vanhoegaerden gallery (knokke)  - La pratique artistique d’Alechinsky est marquée par l’expérimentation, le refus des conventions et le décloisonnement des genres. Cette Fête lapone appartient à l’ensemble des tableaux acryliques à « remarques marginales » inauguré avec Central Park(1965), dont le principe est le suivant : une image centrale est encadrée par une série de vignettes réparties sur les côtés. Inspirées par la bande dessinée et les arts de la gravure, ces vignettes complètent ou commentent la représentation centrale.


Prix sur demande 

3. Époque fine jewels (courtrai) -  Ayant acheté auprès des descendants de la commanditaire ce qui paraissait être une broche, la galerie après quelques recherches, a pu identifier le paon comme étant la pièce maîtresse du diadème Paon manquant dans les archives de Philippe Wolfers (1858-1929). Il s’agit d’une pièce unique, qui, selon les archives, a été réalisée en 1902-1903. Grâce à ses créations joaillières uniques – et rares sur le marché –, Wolfers est considéré comme l’un des meilleurs artisans concevant des bijoux Art nouveau au tournant du XXe siècle.


Autour de 90 000 € 

4. Galerie Harold T’kint De Roodenbeke (bruxelles)  - En 1898, le sculpteur crée la Fontaine des Agenouillés, chef-d’œuvre incontestable de la sculpture symboliste, constituée de cinq personnages autour d’un bassin : l’art introverti de George Minne (1866-1941) et son attirance pour le gothique (étirement des corps) atteint ici son paroxysme. La grande version qui a orné l’exposition universelle de 1935 à Bruxelles est aujourd’hui placée devant le Parlement bruxellois. Cette sculpture (Grand Agenouillé de la fontaine), cette fois-ci patinée à la feuille d’or, est une deuxième version d’une première commandée par une collectionneuse gantoise et qui se trouve aujourd'hui au Musée d’Alger.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°761 du 1 janvier 2023, avec le titre suivant : À la Brafa, l’art belge en majesté

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