BRUXELLES / BELGIQUE
Les tableaux anciens hollandais font peu à peu place à l’art moderne et au design.
Bruxelles. La Brafa a toujours prôné l’éclectisme. Celui-ci ne se dément pas et, malgré une présence écrasante des arts du XXe siècle, une quarantaine de galeries représentent ici l’art ancien. Si certaines sont spécialisées dans un domaine défini, comme l’orfèvrerie, la céramique, la sculpture ou les tableaux anciens, beaucoup mélangent les disciplines. D’un stand à l’autre, le visiteur peut découvrir, chez De Jonckheere (Genève), une Tentation de saint Antoine signée Pieter Huys (1519-1584), un des successeurs de Jérôme Bosch (autour de 300 000 €) ; à la galerie bruxelloise Desmet, un Étalon au pas, en bronze, attribué à Barthélémy Prieur, vers 1600, (75 000 €) ; trônant sur le stand de Franck Anelli, l’un des nouveaux exposants, qui vient juste d’ouvrir une galerie à Crépy-en-Valois (Oise), une rare commode demi-lune, époque Louis XVI, de Charles Topino, (au-dessus de 100 000 €) ; chez Giammarco Cappuzzo (Londres), un Ecce Homo de Sebastiano del Piombo – une huile offerte au pape Clément VII en 1553. Tandis qu’un Portrait dedame, vers 1695, de Nicolas de Largillière, sera inclus dans le catalogue raisonné de l’artiste et présenté par le nouveau venu Nicolas Lenté (Paris). Bernard De Leye (Bruxelles), lui, dévoile un rafraîchissoir en argent, Vienne, 1782, du maître orfèvre Ignaz Joseph Würth, provenant d’un service réalisé pour Albert de Saxe-Teschen (gouverneur général des Pays-Bas).
La section art moderne et art contemporain offre des œuvres à foison : un Vlaminck à la galerie londonienne Willow (Village près de la rivière, 1911-1912), qui provient du marchand Ambroise Vollard et sera inclus dans le catalogue raisonné numérique de l’artiste (275 000 €) ; une huile sur toile de Victor Vasarely (Vega-Zett-2, 1971), venant de la Galerie Denise René, chez Simon Studer (Genève) ; Oiseau migrateur posé sur un rocher en plein océan, un grand bronze de Miró acquis par une star du cinéma français auprès d’Aimé Maeght, à la galerie parisienne A&R Fleury (entre 400 000 et 500 000 €). La galerie Stern-Pissarro (Londres) apporte, elle, plusieurs œuvres de Yayoi Kusama ainsi que La Baie de Villefranche-sur-Mer, 1899, une toile de Renoir acquise par la galerie Durand-Ruel auprès du peintre en 1902. Quant à l’artiste François Avril, il dévoile une dizaine de ses dernières toiles, empreintes de poésie, à la galerie Huberty & Breyne (Paris, prix entre 8 000 et 15 000 €).
Pour les collectionneurs d’art belge, la Brafa est l’endroit qui recense les meilleures enseignes du pays. Parmi celles-ci, Oscar De Vos se concentre sur l’école de Laethem-Saint-Martin (village où la galerie est installée) et montre notamment Hortensias au bord de la Lys, 1898, d’Émile Claus. Philippe Seghers (Ostende), lui, présente Coquillages, vers 1905, de James Ensor (625 000 €), un sujet cher à l’artiste qui le fascinera toute sa vie – ses parents et grands-parents maternels étaient marchands de coquillages à Ostende.
À noter, deux solo shows sont consacrés au Belge Pierre Alechinsky. Harold t’Kint de Roodenbeke (Bruxelles) a réuni 12 œuvres de l’artiste tandis que Samuel Vanhoegaerden (Knokke-le-Zoute) a préparé une exposition, « la plus importante en Belgique depuis longtemps ». Parmi les œuvres accrochées se trouve Fête lapone, 1981, de la série des « Remarques marginales » (600 000 €).
L’Art nouveau – thème retenu pour cette édition – se décline sur plusieurs stands : Thomas Deprez Fine Arts (Bruxelles) présente ainsi un ensemble composé de deux fauteuils et d’un tabouret, par Victor Horta, livrés pour le magasin Wolfers Frères à Bruxelles vers 1910 (autour de 20 000 €). Chez Lennart Booij Fine Art and Rare Items (Amsterdam), c’est un vase d’Émile Gallé en céramique, vers 1889, cuit avec une glaçure japonaise et rehaussé d’un décor émail et or – et probablement exposé à l’Exposition universelle de Paris de 1889 – qui est mis en valeur. Époque Fine Jewels (Kortrijk, Belgique), spécialisée dans les bijoux anciens, met en avant, elle, une broche Nymphe, vers 1897-1898, en émail et or, signée René Lalique, tandis que Florian Kolhammer (Vienne) apporte une Pendule, vers 1907, en bois, laiton et verre, de Gustave Serrurier-Bovy, dont le travail a été fortement influencé par le mouvement Arts & Crafts.
Signalons enfin un renforcement de la section design avec l’arrivée de trois nouvelles galeries. En plus de la galerie néerlandaise Van den Bruinhorst, les visiteurs peuvent découvrir la New Hope Gallery (Bruxelles), qui met en lumière plusieurs pièces du designer américain George Nakashima (1905-1990), dont le bois, parfois de récupération, était le matériau de prédilection : l’enfilade Conoid Room Divider, 1984, est ainsi proposée à 145 000 euros. Autre nouvelle galerie de design, parisienne cette fois, celle de Pascal Cuisinier qui promeut depuis quinze ans le design français des années 1950. Le galeriste est venu avec des pièces de Pierre Guariche, Joseph-André Motte ou encore Pierre Paulin, dont le bureau de dame CM193, en bois et métal laqué, 1958 (25 000 €). De ce bureau, qui a été prêté lors de l’exposition consacrée à l’artiste au Centre Pompidou en 2016, seulement cinq exemplaires ont été identifiés sur le marché ces vingt dernières années.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Brafa : Le XXe siècle en force, l’art ancien fait de la résistance
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°603 du 20 janvier 2023, avec le titre suivant : Brafa : Le XXe siècle en force, l’art ancien fait de la résistance