PARIS
Les galeries Yves Gastou et Desprez-Bréhéret s’associent le temps d’une double exposition sur cet artiste et designer peu connu.
Paris. Spécialisées en arts décoratifs du XXe siècle, les galeries Gastou et Desprez-Bréhéret, vouant une passion commune à Jean Touret (1916-2004), ont uni leurs forces pour faire découvrir les créations des « Artisans de Marolles », dont l’artiste et designer a été l’instigateur. « En nous réunissant, nous démultiplions l’espace et pouvons montrer tout le panel de la production de Touret », explique Benjamin Desprez.
Après la guerre, en 1946, Jean Touret s’installe à Marolles, dans la Beauce, pour exercer sa vocation de peintre. Fasciné par le métier du menuisier du village, mais aussi du ferronnier et du vannier, il crée le groupement des Artisans de Marolles, une sorte de communauté consacrée à l’artisanat, mélangeant les savoir-faire de chacun. Il en devient le directeur artistique. Il réalise les dessins, insuffle les formes et crée son univers visuel, néo-rustique et empreint de poésie. Tables et bancs en bois, dossiers en osier tressé, piétement en ferronnerie présentent des motifs récurrents tels le nid d’abeille, les dents de scie… L’aventure va durer jusqu’en 1963 et le départ de la famille Touret. La production de Marolles va alors lentement décliner.
« Il y a huit ans, je suis tombé en admiration devant un meuble de Jean Touret aux Puces, raconte Victor Gastou. Je l’ai immédiatement acheté et j’ai commencé à chercher des pièces. Finalement, j’ai rencontré ses héritiers et c’est ainsi que j’ai découvert le Jean Touret sculpteur. Je veux faire comprendre au public que Touret est un sculpteur et pas juste un designer. » La galerie a ensuite mené un travail de recherche et de documentation, dans l’objectif d’une exposition. Elle a également participé au premier ouvrage consacré à l’artiste, publié pour l’occasion aux Éditions de l’Amateur (Paris).
Pour cette double exposition à vocation tant commerciale que pédagogique, les deux galeries se sont partagé la tâche. La Galerie Gastou s’est concentrée sur les sculptures et bas-reliefs en bois et les panneaux en métal, soit une vingtaine de pièces, affichées de 15 000 à 80 000 euros. Sont ainsi à découvrir Le Chevalier, 1970 ; Porteuses d’urnes, vers 1980 ; Adam et Ève, vers 1990 ; ou encore Trois silhouettes abstraites, vers 1980, un panneau en cuivre patiné. Très croyant, Touret a produit des sculptures religieuses mais aussi du mobilier liturgique, à l’instar de l’autel de Notre-Dame de Paris ou du lutrin montré à la galerie. Un grand buffet en chêne sculpté, La Vie champêtre, vers 1970, est aussi visible.
La galerie Desprez-Bréhéret, elle, axe sa présentation sur le mobilier et la ferronnerie, avec une quarantaine de pièces, dans une fourchette de prix entre 5 000 et 100 000 euros. Les meubles de Touret se voulaient modernes mais dans le respect de l’artisanat traditionnel, tant dans la manière, avec l’utilisation d’outils comme la gouge, que dans le choix des matériaux (bois brut). Un mobilier presque monacal, d’une grande simplicité. « Touret était respectueux de la main de l’homme. Il était inquiet de la standardisation et du début de l’industrialisation du mobilier. Il est le pendant inverse de Perriand et Prouvé », analyse Benjamin Desprez. Parmi les pièces présentées figure le premier meuble sculpté du créateur, un buffet intitulé L’Homme et le vivant, vers 1950, et de nombreuses pièces de ferronnerie – bougeoirs, lustres, appliques… – déployant un répertoire animal : serpents, oiseaux, coqs…
Bien qu’encore confidentielle, cette production bénéficie d’un engouement grandissant, lié au phénomène d’un retour aux matériaux naturels. Mais les pièces sont rares.
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Jean Touret et les Artisans de Marolles
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°587 du 15 avril 2022, avec le titre suivant : Jean Touret et les Artisans de Marolles