Énergie créatrice, foisonnement et pensée rhizomique caractérisent les deux artistes réunis chez Nathalie Obadia.
Paris. Sur le papier, la confrontation de Fabrice Hyber (né en 1961) et de Jean Dubuffet (1901-1985) n’avait rien d’une évidence. Sur les murs de la galerie Nathalie Obadia, le résultat en fait l’une des expositions les plus réussies du moment. À l’origine, il y a une intuition et une rencontre. L’intuition vient de Françoise Guichon (créatrice du Cirva à Marseille et conservatrice au Centre Pompidou), convaincue de liens entre les œuvres des deux artistes. La rencontre, organisée à la suite, est celle de Fabrice Hyber et Sophie Webel, la directrice de la Fondation Dubuffet à Paris, qui accepte de mettre son fonds à la disposition d’Hyber. L’artiste va s’y rendre une à deux journées par mois pendant toute une année, à la recherche de liens, de ponts voire d’oppositions signifiantes. Il ne va pas manquer d’en trouver comme l’illustrent les différents chapitres (répartis sur les deux galeries) qui jalonnent le parcours.
D’entrée s’affiche le nom des artistes avec les mesures correspondant à leur taille, 1,75 m pour Hyber, 1,69 m pour Dubuffet. Comme une toise dont les deux traits s’étirent en deux lignes dans l’espace pour marquer la hauteur d’accrochage de leurs œuvres respectives. La toise comme référence à l’enfance et au thème du jeu, si caractéristiques de leurs œuvres. Et à la facétie qui leur va si bien, en témoigne un peu plus loin Fabrice Hyber qui fait uriner son Homme de Bessines vert à l’envers, en clin d’œil aux « Pisseurs » de Dubuffet, lequel, pour qualifier certaines de ses œuvres, substituait le terme « cacaïsme » à celui de « dadaïsme ». Mais avant cette partie de cache-cache, Hyber présente des costumes de ce vert qui porte sa signature et des chaises dialoguant avec deux petites peintures sur papier (de 1935) de Dubuffet, deux portraits de Lili assise avec une robe verte.
De la chaise on passe à la table, un motif cher aux artistes et dont Hyber dit qu’elle n’est qu’un morceau de sol surélevé. De fil en aiguille, c’est-à-dire de traits en trames, se tissent ainsi des liens visuels évidents (à l’exemple de ces lignes qui envahissent la surface de dessins ou de toiles) et de nombreux points communs qui vont bien au-delà de simples rapprochements formels : une formidable énergie créatrice, un foisonnement permanent, un esprit et un intérêt pour le concept d’entreprise, un penchant pour les notions de réseau, de rhizome, de structure cellulaire, les rapports fertiles à la langue et aux mots, etc. N’en jetez plus…
Il ressort de cet ensemble composé de 102 œuvres (on n’a pas l’impression qu’il y en ait autant !) une formidable impression de légèreté et en même temps de puissance et de production de sens. Les prix vont de 50 000 à 70 000 euros pour les rares Dubuffet ici à vendre (des petits formats) et de 10 000 à 200 000 euros pour Hyber.
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Hyber et Dubuffet sans entourloupe
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Abonnez-vous dès 1 €Jean Dubuffet - Fabrice Hyber
Jusqu’au 13 juillet, galerie Nathalie Obadia, 3, rue du Cloître-Saint-Merri et 18, rue du Bourg-Tibourg, 75004 Paris.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°481 du 9 juin 2017, avec le titre suivant : Hyber et Dubuffet sans entourloupe