Le marché de l’art asiatique subit le contrecoup du krach boursier. Les ventes d’automne de Sotheby’s et Christie’s à Hong Kong, les premières à se tenir depuis la rétrocession de la colonie britannique à la Chine, ont produit des résultats décevants.
HONG KONG. Hormis quelques pièces exceptionnelles, la grande majorité des lots ont été adjugés à des prix souvent très inférieurs aux estimations et, parmi ceux de qualité moyenne, beaucoup n’ont pas trouvé acquéreur. Privés de mandat par leurs clients en raison de l’effondrement de la bourse et des craintes sur l’immobilier, les marchands de Hong Kong étaient absents des salles des ventes. “Nous sommes déçus, mais en aucun cas consternés. Nous nous attendions à des difficultés, après une baisse de 25 % de la bourse en deux semaines”, a déclaré Colin Sheaf, directeur pour l’Art asiatique chez Christie’s, après avoir dirigé une vacation plutôt déprimante. “Tout le monde est nerveux ici à cause de la bourse”, ajoutait le marchand londonien d’art asiatique Joseph Eskenazi, qui considère que Sotheby’s et Christie’s auraient dû réviser leurs estimations avant les ventes. “Très bonne idée, réplique Colin Sheaf, le seul problème est que nos catalogues sont imprimés deux mois à l’avance”. Et, selon lui, quand les gens ne veulent pas acheter, il ne sert à rien de baisser les prix… Le 6 novembre, la seule enchère très animée a opposé un grand marchand japonais à son concurrent de New York et à un collectionneur taïwanais pour un plat Dingyao, de la dynastie des Song du Nord. Estimé entre 380 000 et 450 000 dollars Hong Kong, il a été emporté à 750 000 dollars (560 000 francs). “Il est évident que les marchands de Hong Kong n’ont pas beaucoup acheté cette fois-ci, constatait Colin Sheaf. Les collectionneurs du territoire ne sont pas prêts à engager des fonds dans des conditions économiques aussi incertaines”. Des records mondiaux ont été néanmoins enregistrés : chez Christie’s, un très rare vase Ming à 22 millions de dollars Hong Kong (17 millions de francs) ; chez Sotheby’s, un exceptionnel plat Ming en porcelaine bleu et blanc à 16,5 millions de dollars (12,7 millions de francs). Pour Joseph Eskenazi, qui a lui-même acquis chez Sotheby’s un vase Flangcai de l’époque Quianglong (1736-1795) à 9,9 millions de dollars Hong Kong, ces déceptions n’augurent pas un tournant pour le marché de l’art asiatique. “C’est un phénomène local et cela ne durera pas, estime-t-il. On y verra plus clair lors des ventes de Londres, début décembre”. Colin Sheaf se voulait lui aussi rassurant : “Je ne pense pas du tout qu’il s’agisse d’un changement structurel, mais d’un hoquet inévitable dans un marché en expansion”.
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Hong Kong subit le contrecoup du krach
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°48 du 21 novembre 1997, avec le titre suivant : Hong Kong subit le contrecoup du krach