Design - Galerie

Hommages à Pierre Paulin

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 20 avril 2016 - 856 mots

En écho à l’exposition organisée au Centre Pompidou à partir du 11 mai, le designer français est mis à l’honneur en 2016 chez plusieurs marchands, comme la Galerie Pascal Cuisinier ou encore Jousse Entreprise.

DESIGN Pierre Paulin (1927-2009) est l’un des créateurs français les plus ambitieux de sa génération. Avec d’autres, comme Pierre Guariche ou Joseph-André Motte, « il défend l’idée d’un design simple, épuré et rationnel, au service du plus grand nombre et non d’un style esthétique ». Il puise son inspiration notamment dans le mobilier scandinave. Sa conviction intime est celle d’une pertinence de la forme au profit de la fonction de l’objet. Pierre Paulin s’inscrit en 1947 à l’école Camondo, dont il sort diplômé en 1950, puis entre au bureau d’études de Marcel Gascoin. En 1953, il expose au Salon des arts ménagers des meubles en bois multifonctionnels aux formes épurées, ce qui lui vaut en 1954 de devenir designer pour Thonet. L’année suivante, il travaille avec l’éditeur Meubles TV et présente au Salon des arts ménagers de 1955 des meubles aux piètements ronds laqués blanc et assises en cannage de nylon. À la fin des années 1950, il crée pour Thonet des sièges aux housses amovibles (dont la chauffeuse CM194). C’est cette première période de création que la Galerie Pascal Cuisinier présente, « avec des prix allant de 3 000 euros à 60 000 euros pour les pièces les plus rares et les plus recherchées », indique le marchand. En 1958, il commence une longue collaboration avec Artifort et crée pour la société hollandaise un siège révolutionnaire dit Mushroom sans piètement apparent. Cette disparition de la structure au profit de la forme se retrouve aussi dans les fauteuils Tongue, Tulip (1965) et Ribbon Chair (1966). « Concernant les pièces de Paulin des années 1960, il y a une relative stabilité des prix, car il y en a en quantité », souligne Fabien Naudan, spécialiste du design et vice-président d’Artcurial. À partir de 1968, le designer travaille pour le Mobilier national et reçoit de prestigieuses commandes publiques, comme le réaménagement du Musée du Louvre. En 1971, c’est Georges Pompidou qui fait appel à lui pour le décor de ses appartements privés à l’Élysée, créant du mobilier en fonte d’aluminium et des sièges convexes (c’est cette gamme que présente la Galerie Jousse). Un ensemble canapé et deux fauteuils a été adjugé 138 106 euros chez Artcurial en mai 2013, un record pour l’artiste. Quant à ses productions des années 1980, elles n’ont pas encore la faveur du marché : « Ce n’est pas ce qu’on attend de Paulin », note Fabien Naudan.

Un rare bureau pour Thonet
À la différence du bureau CM 141, également édité par Thonet mais en grande série, le bureau de dame CM 193 édité en 1959 est un modèle extrêmement rare. À l’époque, moins pratique qu’un bureau classique avec des caissons – il reprend la forme d’un bureau de pente sans cylindre ou abattant –, il a eut moins de succès. Il était sans doute trop cher et peut-être aussi trop novateur.
Bureau de dame CM 193, édition Thonet, 1959. Métal laqué, bois laqué, laiton, merisier et moleskine. 102 x 63 x 102 cm. Galerie Pascal Cuisinier, Paris.

Les objets de Paulin
Il s’agit de l’exemplaire personnel de la très rare coupe aux nénuphars de Pierre Paulin, éditée par Meubles TV, fondé par Tricoire et Vecchione. À l’époque, l’aluminium est très peu utilisé, seul l’éditeur de luminaires Pierre Disderot était capable d’emboutir une pièce de cette ampleur.
Pierre Paulin Coupe dite « aux nénuphars », 1955, métal et aluminium alumité, autoédition/fabrication Disderot. Diam. 70 cm, h. 49 cm. Prix : autour de 50 000 euros. Galerie Pascal Cuisinier, Paris

Le primat de la forme
Le fauteuil, visible dans la rétrospective du Centre Pompidou, est dessiné en 1965 et édité en 1966 par la société Artifort, avec laquelle Pierre Paulin collabore à partir de 1958. La Ribbon Chair doit son succès à la pureté de ses lignes, en forme de ruban replié, ainsi qu’à son revêtement psychédélique, imaginé par le créateur de textile Jack Lenor Larsen. Le tissu extensible s’adapte et moule parfaitement la forme du siège, marquant l’aboutissement de recherches lancées dès 1957.
Fauteuil F582 dit Ribbon Chair, 1966. Armature en tube d’acier, garnissage en mousse de latex, revêtement textile en jersey, piètement en bois laqué. Éditeur : Artifort. © Coll. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne/Photo : Bertrand Prévost. Don de Strafor, 1996.

Commande prestigieuse
La gamme Élysée est la commande la plus importante en termes de prestige pour Pierre Paulin. Il réalise quatre pièces pour les appartements privés de Pompidou au Palais de l’Élysée : le fumoir, le salon des tableaux, la salle à manger et le dressing.
Ensemble de salle à manger dit « Élysée » comprenant une table et six chaises, 1973. Piètement « trèfle » en fonte d’aluminium laqué gris, assise et dossier des chaises rembourrés, plateau de table en verre fumé. Édition Mobilier national - Alpha International. Table : 73 x 140 cm. Chaises : 75 x 50 x 55 cm.
Prix : entre 60 000 et 80 000 euros. Jousse Entreprise, Paris.

« Pierre Paulin, Première période 1952-1959 »
Du 14 avril au 28 mai 2016, Galerie Pascal Cuisinier, 13, rue de Seine, Paris-6e.

« Pierre Paulin – Élysée Palace »
Du 13 mai au 11 juin 2016, Galerie Jousse Entreprise, 18, rue de Seine, Paris-6e.

« Pierre Paulin »
Centre Pompidou, du 11 mai au 22 août 2016.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°690 du 1 mai 2016, avec le titre suivant : Hommages à Pierre Paulin

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