Foire & Salon

Galeristes : la foire alternative à la Fiac

Par Martine Robert · L'ŒIL

Le 21 novembre 2016 - 772 mots

PARIS

Ce nouveau salon, qui défend la scène française en décembre à Paris, veut innover dans son approche et sa scénographie. Profils à la Gagosian s’abstenir !

Salon GALERISTES
Impression écran de la vidéo de présentation du salon Galeristes

Contre toute attente, la Fiac, l’une des meilleures foires d’art contemporain, a enregistré en octobre dernier une fréquentation record : plus de 72 000 visiteurs sont venus de 58 pays découvrir les 186 galeries réunies au Grand Palais à Paris. Malgré un contexte économique et sécuritaire difficile, nombre d’exposants ont réalisé de bonnes ventes. Pourtant, certains estiment les rapports entre les acheteurs et les galeristes trop mercantiles et mondains dans ces événements de prestige ; ils militent pour un autre type de manifestation, à échelle plus humaine, permettant aux amateurs d’art d’engager une relation plus durable avec les marchands. Cette idée, mais aussi le constat que d’excellents professionnels français sont écartés d’une Fiac trop internationale, a conduit à la naissance de Galeristes.

Des galeries choisies pour leur qualité
Ce salon, qui abrite, du 8 au 11 décembre, vingt-six stands au Carreau du Temple à Paris, a été lancé par Stéphane Corréard. L’ancien directeur du Salon de Montrouge, ex-spécialiste du département art contemporain de la maison de ventes aux enchères Cornette de Saint Cyr et commissaire d’expositions, s’est entouré de collectionneurs pour imaginer ce nouveau rendez-vous, et non des moindres : Michel Poitevin, qui préside le comité de sélection des galeries, mais aussi Gilles Fuchs, le président de l’Adiaf qui organise le prix Marcel Duchamp, Antoine de Galbert, fondateur de la Maison rouge, Estelle Francès, directrice de la fondation éponyme, etc. Il s’est aussi appuyé sur un comité stratégique composé de grands chefs-d’entreprise passionnés ayant « une vision panoramique de la place de l’art et de la France, dans leur environnement international » : Jean-Paul Cluzel, l’ancien président de la RMN-Grand Palais et de Radio France, Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique d’Hermès International et président des Arts décoratifs et Antoine Frérot, PDG de Veolia Environnement. Excusez du peu…

Alors, en quoi ce salon va-t-il être différent ? « Nous ne sommes pas choisis comme à l’habitude sur un programme, mais sur la qualité générale de la galerie, c’est une approche très motivante. Car ce métier est très particulier, personne ne l’exerce exactement de la même façon, chacun prend ses responsabilités par rapport à ses collectionneurs et à ses artistes », souligne Claudine Papillon, de la galerie éponyme. Elle fait partie des élus, comme les galeries Christian Berst Art brut, Hervé Loevenbruck, Semiose, Suzanne Tarasieve, Lelong... « Ce salon est une exposition de galeristes : chacun des exposants y conçoit une proposition personnelle, projette sa vision, son engagement, l’ensemble de ses activités », précise Stéphane Corréard. Et d’ajouter : « Le modèle traditionnel du galeriste passeur est aujourd’hui malmené. Nous voulons réaffirmer sa pertinence, à travers ce rendez-vous conçu par et pour les amateurs d’art. »

Des exposants prêts à prendre le risque
Face à un marché de plus en plus spéculatif, Galeristes prône « un autre monde de l’art » et valorise les galeries rattachées à la scène artistique française. « Ce salon est celui où l’on accompagnerait un ami pour partager sa passion des galeristes, échanger avec ceux-ci, se laisser aller à un – premier – achat et, pourquoi pas, initier une collection. L’art offre de nombreuses opportunités de comprendre l’autre, il est une grande source de connaissance », explique Estelle Francès.

Pour encourager les « primo-accédants » à l’art, une section du salon est dédiée aux œuvres à moins de 1 000 euros, comme une sérigraphie signée et numérotée de Raymond Hains. Des « rapporteurs » critiques d’art invitent le public à découvrir les univers singuliers de chaque exposant. Et la scénographie aussi, signée Dominique Perrault, se veut innovante. « Il a conçu des cloisons sur lesquelles on peut accrocher des œuvres, mettre des étagères, fixer des tiroirs pour y ranger par exemple des dessins. C’est tellement différent des autres foires ! », se réjouit Claudine Papillon.
Stéphane Corréard a prévenu dès le départ que son salon refuserait les galeries quasi industrielles comme Gagosian, et que son but était au contraire de montrer des galeries singulières, uniques chacune dans leur genre. Mais pour les exposants retenus, les 15 000 euros du stand représentent souvent un coût élevé, car leurs artistes ne valent pas des millions. « Pour que je m’y retrouve, étant donné que je reverse 50 % de mon chiffre aux artistes et que je dois aussi payer la TVA, il faut que je vende pour 38 000 euros d’œuvres », souligne encore Claudine Papillon, galeriste depuis vingt-sept­­ ans et toujours aussi engagée. « Mais nous sommes prêts à prendre le risque ! », insiste-t-elle. 

GALERISTES

Du 8 au 11 décembre 2016 au Carreau du Temple à Paris

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°696 du 1 décembre 2016, avec le titre suivant : Galeristes : la foire alternative à la Fiac

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