Le retour de Tintin, la collection d’un grand de la numismatique, un ensemble de photographies anciennes, et la Haute Époque chez Me Tajan.
PARIS - L’une des plus importantes ventes de l’année en numismatique, comprenant des pièces du Ve siècle avant notre ère jusqu’au XXe siècle, aura lieu le 8 février, sous le marteau de Me Jean-Louis Picard, assisté de l’expert Sabine Bourgey, dont la société au 7, rue Drouot, célèbre cette année son centenaire. D’un pedigree irréprochable, les monnaies grecques, romaines, françaises et étrangères de la vacation ont appartenu à l’un des grands collectionneurs français du siècle, le pharmacien Henry Vernin (1912-1980), qui est mort comme il aimait vivre, en achetant une monnaie byzantine dans une vente dans le Midi de la France.
Peu après le décès, fort symbolique, d’Henry Vernin, une partie importante de sa collection de monnaies grecques, qui avaient été son premier amour de collectionneur, a été léguée, comme il l’avait demandé, au Cabinet des médailles de Marseille.
Ses héritiers ont maintenant décidé de se séparer du reste, et la vente de Me Picard comprendra 450 lots, soit quelque 2 000 pièces en tout, estimées à 1,5 million de francs au moins. La vacation comprendra donc relativement peu de monnaies grecques, exception faite d’un petit ensemble de pièces en or et en électrum. Y figurent en revanche, des sesterces romains bien conservés, des monnaies gothiques en or datant de la guerre de Cent ans, ainsi que des lots italiens, allemands, vaticanes et suisses.
Tintin revient. Le 21 janvier, Me Claude Boisgirard disperse la deuxième partie des œuvres de Hergé et d’objets relatifs à son petit reporter au pantalon de golf, amassés pendant 35 ans par le collectionneur suisse Bernard Bolle. Une première vente, consacrée à la même collection – la plus importante de son genre en Europe – par Me Boisgirard le 4 juin, avait totalisé 1,2 million de francs et établi un record mondial grâce aux 558 425 francs payés pour la couverture originale de l’album L’Île noire de 1938.
Portraitiste parisien de Napoléon III
La vedette de la vente du 21 janvier sera un dessin de 1934, la couverture originale de la première édition de l’album Les cigares du Pharaon, que l’expert Frédéric Bosser n’hésite pas à qualifier de “pièce muséale, une œuvre d’art”, et à l’estimer en conséquence, autour de 1 million de francs. La vacation comprendra presque tous les albums de Tintin en première édition, noir et blanc et couleurs, et un nombre important d’objets – tapis de bain, puzzles, et céramiques.
Sans doute la collection de photographies du Second Empire la plus importante en mains privées qui soit, selon l’expert Marc Pagneux, l’ensemble de 30 000 épreuves originales rassemblées par Maurice Levert (1858-1944), sera mis aux enchères le 28 janvier par Mes Pescheteau-Badin, Godeau et Leroy. La collection comprend le fonds d’atelier du photographe André Disderi (1819-1889), grand portraitiste parisien de l’époque de Napoléon III : un total de 97 albums d’environ 150 planches chacun, estimés de 5 000 à 15 000 pièces.
Les 33 albums constitués par Levert, estimés entre 4 000 et 150 000 francs, contiennent des portraits de personnalités artistiques et littéraires comme Nadar, Delacroix, Corot, Wagner et Barbey d’Aurevilly, ainsi que des photos des communards de Paris. Certains portraits, tels que celui de l’Impératrice Eugènie par Gustave Le Gray (estimé entre 20 000 et 30 000 francs), seront vendus séparément.
L’art de la chaise
La chaise considérée comme une œuvre d’art. Le 23 janvier, Me Catherine Charbonneaux fait sa quatrième vente depuis 1989 intitulée “Les Assises” et consacrée à des sièges dessinés par plus d’une quarantaine d’artistes du XXe siècle, d’Arman à Chassepot, en passant par Robert Combas, Peter Klasen et Niki de Saint-Phalle. Estimées entre 3 000 et 50 000 francs, et fabriquées dans de multiples matériaux, certaines chaises ont été créées spécialement pour la vente et presque toutes sont fonctionnelles. Elles comprennent un modèle en polystyrène, dans la forme d’un corps d’homme, de Ruth Francken, une paire en forme de fourchette et de couteau de Yonel Lebovici, et un fauteuil de Bernard Rancillac, qui s’inspire d’oreilles d’éléphant.
Après ses ventes d’un important ensemble de dessins et livres d’architecture le 23 janvier et du contenu d’un château le 27 janvier, Me Jacques Tajan organise le 30 janvier la plus importante vente de Haute Époque vue depuis un an à Drouot. Très éclectique, contenant peu de meubles et surtout des objets en dinanderie, bronze et ivoire, elle comprend la collection personnelle de l’antiquaire Robert Pinquier, ainsi que d’objets de curiosité du docteur Gilles Leherre.
Y figurent un aigle de lutrin en fer, gothique allemand estimé entre 120 000 et 150 000 francs, un diptyque en ivoire des ateliers parisiens de la seconde moitié du XIVe siècle, estimé entre 80 000 et 100 000 francs, des plats d’offrande, mortiers, coffrets de messager, et deux nécessaires de chasse XVIe siècle de Nuremberg. L’un est estimé entre 60 000 et 80 000 francs, l’autre, dans un étui de cuir gaufré, qui contient une cuillère aux armes royales de France, entre 30 000 et 35 000 francs.
Ameublement parisien
Peu nombreux, les meubles sont de bonne qualité, comme en témoignent une table italienne à rallonges vers 1560, estimée entre 100 000 et 150 000 francs, une table écossaise gothique du milieu du XVIe siècle, estimée entre 50 000 et 60 000 francs, et un dressoir du Val de Loire de la deuxième moitié du XVIe siècle, estimé entre 150 000 et 200 000 francs.
Le 27 janvier, Me Picard, dispersera du mobilier et des objets de Gin de Trintignant, ancien modèle de César : du mobilier Art Déco et art nouveau, dont un lustre de Lalique estimé entre 200 000 et 250 000 francs, beaucoup de bijoux, verrerie, tapis, tableaux modernes et un nombre important de malles et sacs Vuitton.
La vente de la succession du préfet et madame Lahillone qu’organise le même commissaire-priseur le 1er et 2 février, au bénéfice des orphelins de la police, comprend ce que le marché parisien aime tant – un ameublement parisien de bonne qualité, principalement XVIIIe siècle, de l’argenterie, des gravures et de la porcelaine, dont un plateau “cabaret” en faïence de Rouen XVIIIe siècle, estimé entre 50 000 et 80 000 francs.
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Drouot démarre, doucement
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Drouot démarre, doucement