L’Afrique en tête, l’art tribal a enregistré chez Christie’s et Sotheby’s France de nouveaux records, qui ne sont pas toujours justifiés par la valeur des objets.
PARIS - Les vacations parisiennes d’arts premiers des 13 et 14 décembre chez Christie’s et Sotheby’s ont tenu leurs promesses, atteignant des sommets dans plusieurs catégories d’objets. Pour maintenir un niveau général de grande qualité, Sotheby’s avait misé sur une sélection réduite de moins de 100 lots, laquelle a porté ses fruits.
En vedette, un rarissime masque Punu noir du Gabon datant de la fin du XVIIIe siècle (testé au carbone 14), a été enlevé à plus d’un million d’euros, marquant un record pour un masque Punu. L’Afrique a encore dominé la vente avec deux sculptures d’autel Yoruba/Nago du Bénin, un cavalier et une statue à deux figures, vendus respectivement 576 750 et 408 750 euros.
Une sélection de raretés
Notons aussi le prix record obtenu pour un pendentif inédit en ivoire Hungaan du Congo. Finement sculpté, cette rarissime et émouvante figurine de 8 cm, estimée au mieux 50 000 euros, est montée à 780 750 euros. On ne connaît seulement que quatre autres exemplaires de ce type d’objet Hungaan. Une statuette en ivoire Lega du Congo, provenant de l’ancienne et prestigieuse collection Julius et Josefa Carlebach de New York, ainsi qu’une cuillère anthropomorphe Dan de Côte d’Ivoire, connue comme étant la plus grande et la plus belle de son corpus, ont été emportées aux prix attendus de 336 750 et 360 750 euros. L’Océanie s’est distinguée avec un superbe masque kanak de Nouvelle-Calédonie collecté en 1850, record dans sa catégorie avec une enchère de 420 750 euros, six fois son estimation haute. Malgré une salle pleine, quelques acheteurs par téléphone faisaient essentiellement le jeu des enchères.
Plusieurs prix, qualifiés de « délires de multimilliardaires » par des marchands présents, ont porté sur une série d’armes d’une même collection, estimées au mieux 9 000 euros l’unité. Un sceptre Mboum du Cameroun (estimé à 9 000 euros) et une hache Songye du Congo (estimé à 7 000 euros), collectés par Léo Frobenius dans les années 1910, se sont respectivement envolés à 216 750 et 384 750 euros (le 6e prix de la vente) après un « duel téléphonique d’ego » (impliquant probablement un acheteur du Qatar), sous l’œil ahuri du vendeur assis dans la salle. « Cela fait déjà trois ou quatre ans que le marché des arts premiers s’est ouvert aux «grands acheteurs» de Sotheby’s », commente Marguerite de Sabran, directrice du département. « Ces personnes n’ont pas de limite et mettent les moyens qu’ils veulent dans les objets qu’ils convoitent et ce, dans différents domaines de collection ».
Moins sélective, la vente de Christie’s qui comptait plus de 200 lots, a vu près de la moitié d’objets ravalés. L’art ethnographique d’Océanie de la belle collection Daniel Blau n’a pas eu le succès escompté. Seuls 47 lots sur les 103 offerts ont trouvé preneurs. Les pièces africaines d’une qualité très moyenne ont connu le même sort. Au final, plusieurs prix importants ont couronné les pièces les plus remarquables, tels un lion Fon du Bénin, rare objet de cour en argent, adjugé au prix record d’un million d’euros, et un masque Fang du Cameroun d’une grande modernité, parti à 931 000 euros au-dessus de son estimation haute.
Estimation : 5,7 à 8 millions d’euros
Résultat : 9,3 millions d’euros
Nombre de lots vendus/invendus : 78/18
Pourcentage de lots vendus : 81 %
Pourcentage en valeur : 95 %
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Des records inattendus
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Abonnez-vous dès 1 €Estimation : 3,5 à 5 millions d’euros
Résultat : 4,5 millions d’euros
Nombre de lots vendus/invendus : 109/96
Pourcentage de lots vendus : 53 %
Pourcentage en valeur : 75 %
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°360 du 6 janvier 2012, avec le titre suivant : Des records inattendus