Malgré la défection de quelques marchands français, Art Brussels a rallié de nouvelles pointures étrangères.
BRUXELLES - Par temps de frimas économique, chacun cherche un cocon, une rondeur, une proximité rassurante. Autant de qualités qui caractérisent la foire Art Brussels (24-27 avril). Cet atout d’ordre presque atmosphérique explique le fort contingent français, talonné cette année par le régiment allemand. « Jusqu’à présent, nous voulions ouvrir nos réseaux en participant à des foires plus internationales, mais la situation générale fait que ce n’est pas une mauvaise idée de consolider l’existant », confie Andreas Lange, de la galerie Schleicher Lange (Paris), laquelle « teste » la section « First Call » avec Evariste Richer et Laurent Montaron. La galerie berlinoise Wentrup revient, assurant que les acheteurs français et belges constituent depuis deux ans la majorité de sa clientèle. Forte de son installation à Bruxelles en septembre 2008, Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles) a réalisé la moitié des ventes de sa dernière exposition de Michael DeLucia avec des Belges. Alléchés par cette manne locale, Neu (Berlin), Modern Art (Londres), Continua (San Gimignano, Pékin) et Gladstone (New York, Bruxelles) font de fait une entrée ou un retour remarqués.
« Il faut se montrer »
Affectés par la déroute de la banque Fortis, les Belges semblent toutefois avoir mis un frein à leurs achats. Le galeriste Rodolphe Janssen (Bruxelles) confie avoir réalisé lors des premiers mois de l’année un chiffre d’affaires en baisse de moitié par rapport à l’an dernier. « Mais je n’ai pas encore fait de foires, et 30 % de mon chiffre s’effectue sur les salons, précise-t-il. Les clients comme Mark Vanmoerkerke ou Walter Vanhaerents continuent d’acheter, d’autant plus qu’ils reçoivent des offres intéressantes. » « Les gens sont attentistes en général, les Belges ne le sont pas plus qu’ailleurs », renchérit Georges-Philippe Vallois (Paris).
Toutes les galeries ne font visiblement pas preuve de la même assurance car, cette année, six exposants français ont fait faux bond à un événement, il est vrai, très difficile commercialement. Bernard Utudjian, de la galerie Polaris (Paris), invoque un changement structurel de la foire et de sa clientèle. « De 1995 à 2003, mon carnet d’adresses était rempli de cartes de visite flamandes. Depuis quelques années, je n’avais que des cartes francophones, déplore-t-il. Il faudrait aussi que la foire consente à réduire la taille minimale des stands. Cinquante mètres carrés, c’est trop grand ! » La défection de Laurent Godin (Paris) est liée quant à elle à la tenue simultanée du MACO, Salon international d’art contemporain de Mexico. « À Bruxelles, je suis un Français parmi trente. Je vais à Mexico depuis deux ans, la scène artistique y est passionnante et l’investissement sur une foire aussi lointaine n’a de sens que si l’on y retourne plusieurs fois », indique le galeriste. D’autres imputent leur retrait à la concomitance avec l’exposition parisienne « La force de l’art » et le week-end Portes ouvertes des membres de Galeries Mode d’emploi. « Je n’ai pas le don d’ubiquité et j’ai cinq artistes à la “Force de l’art” », explique Hervé Loevenbruck (Paris). Celui-ci n’en prévoit pas moins un projet de vingt-quatre mètres de long de Bruno Peinado sur le secteur « Open Space » de la foire Art Cologne (lire ci-contre)…
A contrario, « La force de l’art » offre l’occasion à Frédéric Giroux (Paris) de proposer un accrochage « made in France » avec une vidéo de Rebecca Bournigault et des pièces de Vincent Beaurin. « Il faut continuer à bouger, se montrer. C’est le moment d’être visible », affirme le galeriste. Un sentiment que partage sa consœur Fabienne Leclerc (Paris), laquelle participe pour la première fois au salon. « Un grand nombre de Français vont à Bruxelles et beaucoup de Belges viennent en France, mais ils ne nous connaissent pas forcément. Nous avons des artistes qui peuvent leur convenir car ils sont intellectuels », souligne-t-elle. Celle-ci prévoit notamment une pièce historique de Gary Hill ainsi que le duo Tixador & Poincheval. Plusieurs participants misent sur des solo shows à l’image de Tucci Russo (Turin) avec Conrad Shawcross. Sélectionnée pour le secteur « First Call » où elle présentera Amal Kenawy et Zoulikha Bouabdellah, la B.A.N.K. (Paris) intervient aussi avec une exposition monographique de Katia Bourdarel. Rien ne vaut les focus pour donner un coup de fouet et des repères à un public ankylosé par la crise.
ART BRUSSELS, 24-27 avril, Brussels Expo, halls 1 et 3, www.artbrussels.be, tlj 11h-19h
ART BRUSSELS
Directrice : Karen Renders
Nombre d’exposants : 170
Tarif du stand : 205 euros le mètre carré
Nombre de visiteurs en 2008 : 32 800
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Des atouts atmosphériques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°301 du 17 avril 2009, avec le titre suivant : Des atouts atmosphériques