De nouvelles galeries dans le Marais

Paris. Samedi 7 mai, la galerie Balice Hertling vernissait l’exposition inaugurale de son nouvel espace, au 84, rue des Gravilliers, à quelques pâtés de maison de son adresse précédente, rue Saint-Martin. « Cette fois encore, c’est avec un solo de Camille Blatrix [voir ill.] que nous ouvrons », précise Daniele Balice, qui explique avoir mis à profit la période sédentaire de la pandémie pour trouver cet emplacement d’un peu plus de 200 mètres carrés sur deux niveaux, entièrement consacré aux expositions. Alors que les travaux traînaient en longueur, l’opportunité s’est par ailleurs présentée de reprendre un local rue de Montmorency, lequel fait désormais office de bureau et de Project Room. Tout en veillant à conserver une croissance raisonnable, la galerie, qui a provisoirement fermé rue Ramponeau, à Belleville, continue à chercher « un lieu plus industriel, peut-être à l’extérieur de Paris ». Et poursuit un projet d’ouverture à Shanghaï, où elle dispose déjà d’une collaboratrice régulière.

La galerie Sultana, anciennement à Belleville, a choisi de quitter définitivement le 20e arrondissement pour emménager au 75, rue Beaubourg. L’inauguration est prévue le 25 juin, avec une exposition de Pia Camil. Cette installation dans un espace à la fois plus vaste et plus central témoigne de la vitalité de la galerie, en partie portée par celle du marché parisien.

À l’angle de la rue du Temple et de la rue Michel-le-Comte, la Galleria Continua a achevé la réhabilitation des 800 mètres carrés autrefois occupés par un grossiste en maroquinerie. Réparti sur trois étages, l’ensemble comporte à présent, outre les espaces d’exposition, un café « à l’italienne », une « gelateria », une épicerie fine, une cave à vin et une librairie. Non loin, au 101, rue du Temple, une galerie originale consacrée aux arts et techniques de l’animation, la galerie Miyu, a fait son apparition.

On suivra avec curiosité la programmation de Forma, apparue en haut de la rue de Turenne, au 127. Repérable à sa porte rose, le lieu, sur trois niveaux, a commencé par une exposition de peintures performatives d’Edgar Sarin (cent petits formats réalisés en cent jours) et une autre, « Le bonheur de vivre », empruntant son titre à une aquarelle préparatoire d’Henri Matisse, présentée en majesté. « Je l’ai achetée à 3 heures du matin dans une vente aux enchères en ligne », raconte Aurélien Jacquin, à l’initiative de ce lancement. Un tirage de Nan Goldin (Anthony by the Sea, Brighton, England, 1979), une toile de James Ensor (Gestes de nymphes, 1926), un dessin de Francis Picabia, une esquisse d’Auguste Rodin, une sculpture de Jean-Luc Moulène… autant d’œuvres d’art moderne et contemporain signées de grands noms, provenant de collections privées ou de galeries voisines. Sont-elles à vendre ? Pour la plupart, non. L’idée, en empruntant et en exposant des pièces qui dorment dans les réserves de musées ou des stockages de port franc, est de créer une adresse désirable, rentabilisée par sa location à des marques de luxe, l’organisation d’événements, voire par l’accueil ponctuel de galeries étrangères. Pourquoi pas ? L’effervescence du quartier incite à l’optimisme entrepreneurial.