PARIS - Axel Cassel est un fumeur de pipe. Jusque-là rien de très particulier. Ce qui l’est plus, en revanche, c’est qu’il a eu envie de sculpter les volutes et fumées. Car le projet était un double défi : il supposait d’une part une belle difficulté de réalisation et d’autre part une vraie rupture dans l’œuvre de l’artiste.
Il n’est en effet pas simple d’immobiliser ce qui n’est que mouvement, d’envisager une structure arrêtée à partir de nuées instables, de donner du poids à ce qui n’est que légèreté. En somme, de proposer une forme palpable pour évoquer l’insaisissable, de fixer ce qui se dissipe. Autant sculpter les nuages. D’ailleurs, de gros nuages blancs, Axel Cassel a l’occasion d’en observer quotidiennement et il les filme ou photographie même régulièrement : il y a à côté de chez lui, en Normandie, une sucrerie qui en dégage à longueur d’année. Comme ceux de la pipe, mais à une autre échelle. Et qu’il évoque donc aussi. Pour rendre solides et en trois dimensions ces suspensions, Axel Cassel a d’abord eu l’idée de les apprivoiser avec des mousses expansives pour créer des maquettes. L’improvisation était impossible. En accrochant ces mousses au plafond pour les faire pendre et en les retournant ensuite, il a obtenu des modules ascensionnels, modèles bulles parfaits pour donner du volume à la vapeur. À l’arrivée, ses fumées sculptées ressemblent à des arborescences de nuages. Et comme toujours dans les œuvres de l’artiste (né en 1955), ses splendides patines sèment le trouble et nous enfument : est-ce du bois ou du bronze puisqu’il travaille les deux ? Il faut souvent les effleurer pour le savoir.
Sur un autre plan, cette série d’œuvres explicitement intitulée De fumée en nuages marque un changement dans son œuvre. Certes, dans une série précédente titrée Vortex qui initiait aux tourbillons, il avait déjà changé de technique en abandonnant la taille directe pour passer, un temps seulement, à l’assemblage. Mais là, plus encore, c’est carrément la figure humaine, à laquelle il est attaché depuis le milieu des années 1980 qui est, si l’on peut dire, partie en fumée. Pour la première fois, il a réussi à tordre le cou à ses fameuses petites têtes devenues presque sa signature. Raisonnable, le prix des œuvres oscille entre 4 500 euros pour un bronze de petite taille (54 cm et tiré à 6 exemplaires) à 24 000 euros pour la chrysalide précitée, un grand bois (1,86 m, pièce unique).
Jusqu’au 15 décembre, Galerie Samantha Sellem, 5 rue Jacques Callot, 75006 Paris, mardi-samedi 11h-13h et 14h30-19h. tel. 01 56 24 34 74, www.galeriesellem.com
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Cassel sur un nuage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°380 du 30 novembre 2012, avec le titre suivant : Cassel sur un nuage