À Bruxelles, le Cabinet d’art contemporain présente jusqu’au 31 décembre les œuvres récentes du Britannique Gerry Smith.
Les petits formats répartis dans la cage d’escalier jouent de signes déployés dans une fixation héraldique, qui module à l’infini les modes de formulation et de dialogue avec le lieu. Les effets de graphisme répondent aux aplats, les formes fermées s’ouvrent par ailleurs. Le travail oscille entre affirmation systématique et évocations libres. Au simple travail plastique, le peintre oppose une réflexion poétique sur la société, à partir de titres qui se placent volontairement en porte-à-faux vis-à-vis de l’image.
La galerie Nathalie Beeckman expose jusqu’au 24 décembre les dessins de Marc Raes, qui affirme avec une singulière maturité son attachement au thème de la figure et du corps humain. Son travail, lent et patient, s’appuie sur l’observation minutieuse. Il s’agit moins de rendre l’illusion d’une pose que l’intensité du sentiment qui la traverse. Le réel a moins de sens que la vie, mais celle-ci se dérobe souvent derrière l’esthétisme qui voile l’absence de force. Revenant sur ses œuvres, l’artiste fait appel à la photographie pour ancrer davantage la sensation dans la reprise du tracé, dans son recouvrement par l’image : un travail fait de mémoire et d’obstination qui aspire, par la mise à distance, à dévoiler la sensation juste.
Chez Willy d’Huysser, une exposition des travaux récents de Greta Buysse met en scène le regard porté sur le corps humain par ce photographe de réputation internationale. L’acte photographique s’inscrit pleinement dans un travail de pétrification qui allie la violence d’un regard médusant à l’insolite poésie de lieux énigmatiques. La mise en œuvre du corps renoue avec les artifices symbolistes du drapé, de l’objet ou du lieu, pour évoquer la violence épique d’une destinée dont l’image offre la vision synthétique. Un travail poétique et lyrique d’une troublante beauté, parfois menacée d’esthétisme.
À Ottegem, la galerie Deweer commémore ses quinze ans d’existence et l’ouverture d’un nouvel espace d’exposition avec une présentation, intitulée "A Painting Show", qui affirme l’attachement de la galerie à la notion de peinture. À partir d’une sélection internationale, la galerie Deweer offre un parcours intéressant en alignant Siegfried Anzinger, Eugène Leroy, Roger Raveel, Mimmo Palatino, Per Kireby, Georg Baselitz, Rainer Fetting et Georg Dokoupil.
À Plateau, jusqu’au 17 décembre, Danny Devos présente chez Daders van Dodingen le deuxième volet de ses portraits de tueurs en série, qui rejoint à sa façon l’actualité cinématographique d’Oliver Stone. Sous couvert du True Criminel Art, Danny Devos met en scène des attitudes qui vont du crime à l’art : l’obsession vaut pour vocation, la récidive souligne la série, l’incarcération dénonce la censure. Loin de vouloir s’ériger en sociologue témoin de la marche de la société, l’artiste explore l’univers du crime comme s’il s’agissait d’y trouver des mécanisme d’identification strictement subjectifs et radicalement individuels. Après l’Étrangleur de la rive gauche, le Vampire de Muizen fournit le prétexte à démontrer que l’ignominie fait parfois l’homme jusque dans l’ambiguïté de ses aspirations.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Belgique : du signe à la figure humaine
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : Belgique : du signe à la figure humaine