Les sociétés de vente volontaire continuent d’affûter leurs armes dans un marché très concurrentiel. De son côté, la Biennale s’annonce comme singulièrement française.
Les mois de mai et juin sont les plus frénétiques dans le duel au sommet opposant les maisons françaises à leurs concurrentes anglo-saxonnes. Après un démarrage lent des affaires, Drouot maintient la barre au premier trimestre. Mais si Drouot-Richelieu conserve de son aura, tel n’est pas le cas de Drouot-Montaigne, qui accuse une certaine défection des commissaires-priseurs parisiens. Pendant que les Temps Forts annoncent un très bon cru, principalement grâce aux tableaux anciens, Christie’s et Sotheby’s affûtent leurs stratégies. Celle de Christie’s est de s’imposer comme un concurrent direct sur le terrain des ventes généralistes. Elle organisera pour la première fois une vente sur l’art du XXe siècle, sans l’alibi d’une collection. Une entrée en la matière un peu tiède, mais qui ne manque pas de faire enrager Artcurial Briest-Poulain-Le Fur, dont près de 50 % du chiffre d’affaires repose sur ce secteur. Sotheby’s, qui avait pourtant bataillé ferme pour l’ouverture du marché hexagonal, opte pour une stratégie d’exportation. De fait, elle concentre en France les collections. Dans cette guerre de tranchées où tous les coups semblent permis pour décrocher les affaires, n’y a-t-il pas un acteur en trop parmi les quatre ou cinq pôles dominants ? L’échiquier mouvant est à surveiller dans les prochains mois.
Mais les duels parisiens ne sont rien par rapport au déchaînement new-yorkais. Sotheby’s et Christie’s ont rivalisé d’ardeur pour une semaine qui restera sans doute dans les annales. Le 4 mai, cinq œuvres cédées par le Museum of Modern Art chez Christie’s se sont vendues, pour la plupart à la lisière de l’estimation basse, totalisant ainsi 12 millions de dollars. Le feu d’artifice est venu le lendemain avec la vente de la collection Greentree, cédée par Sotheby’s pour 189,8 millions de dollars, soit 40 millions de plus que les prévisions. Le record de 104 millions de dollars obtenu au téléphone par le Garçon à la pipe de Picasso a largement pesé dans la balance. Ce nouveau sommet vient détrôner les 75 millions de dollars du Portrait du docteur Gachet de Van Gogh. Le même jour, cette fois à Drouot-Richelieu, Coutau-Bégarie adjugeait pour 381 248 euros Étude pour nu au repos, de Balthus, un record mondial pour un dessin de l’artiste.
Du côté de la Biennale des antiquaires, la liste est enfin définie. On observe les départs des Parisiens Yves Mikaeloff, Olivier Watelet, Assour et Sumer, Philippe Heim, Carolle Thibaut-Pomerantz, Jean-Jacques Dutko et Claude Blaizot. Grand ponte de l’art primitif, Alain de Monbrison préfère la souplesse de Kaos-Parcours des mondes, qui aura lieu quasi simultanément. Parmi les quinze nouveaux venus, on note Fabius Frères, Bernard Prazan, Bernard Dulon, l’Univers du Bronze (Paris), Dover Street Gallery (Londres) et deux jeunes recrues, Roxana Rodríguez et Anne-Marie Monin (Paris). Six revenants pointent leur nez, notamment Pierre Berès, Jacques Barrère et la Galerie de la Présidence (Paris). En revanche, les poids lourds britanniques comme Pelham, Partridge et Sam Fogg tirent leur révérence. La Biennale semblera cette année singulièrement française.
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Bataille d’enchères
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°193 du 14 mai 2004, avec le titre suivant : Bataille d’enchères