PARIS
Régionale et cosmopolite, Art Paris mise sur une sélection plus fine qui tire la foire vers le haut tout en maintenant des prix accessibles. Un exercice d’équilibrisme.
Paris. Combien de temps faut-il à une foire pour s’installer dans le calendrier et devenir un rendez-vous incontournable, tant pour les marchands que pour les collectionneurs et les différents partenaires privés qui la soutiennent ? Art Paris n’a cessé d’affiner sa formule, elle a traversé avec succès la crise sanitaire et la voici à présent bien établie. Pour sa 26e édition, début avril, la foire annonce une sélection encore plus exigeante et un renforcement de la présence des enseignes étrangères, avec une liste de 136 galeries d’art moderne et contemporain issues de 25 pays. « Nous avons reçu beaucoup plus de candidatures qu’il n’y a de stands disponibles, assure Guillaume Piens, directeur artistique d’Art Paris. Cela nous a permis de privilégier les projets les plus intéressants, les accrochages les plus pointus. »
On trouvera parmi les exposants une quinzaine de galeries présentes en octobre dernier à Paris+ par Art Basel : elles constituent le cœur de la foire. Il y a les piliers, bien sûr, tels que Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles) ou Daniel Templon (Paris, Bruxelles, New York). Mais aussi les renforts des quatre dernières éditions, Perrotin (Paris, New York, Hongkong…) en tête, la Galleria Continua (Paris, Pékin, Rome…), Loevenbruck (Paris) et Pietro Spartà (Bourgogne). Parmi les nouvelles venues de bon niveau, on peut également mentionner Esther Schipper (Paris, Berlin, Séoul) et Peter Kilchmann (Zurich), toutes deux récemment implantées à Paris, ou encore Michel Rein (Paris, Bruxelles). Les galeries parisiennes Poggi et Frank Elbaz reviennent quant à elles sur la foire après plusieurs années d’absence. En revanche, Kamel Mennour (Paris) présent l’an dernier, a choisi de passer son tour, tout comme Christophe Gaillard (Paris, Bruxelles) dont la dernière participation remonte à 2022.
Quel est le positionnement d’Art Paris par rapport à sa concurrente Paris+, et quelle est sa valeur ajoutée ? « Art Paris est une proposition complémentaire », estime Guillaume Piens, qui souligne la dimension « locale et internationale » de la manifestation. La foire met en avant les taux de 60 % d’enseignes françaises et de 40 % de galeries étrangères, soit une proportion symétriquement inverse de la foire d’automne. Sa valorisation de la création hexagonale est soulignée depuis 2018 par le parcours d’un commissaire d’exposition indépendant, invité à distinguer des œuvres d’artistes français sur les stands. Cette année, c’est Éric de Chassey qui livre sa sélection sous l’intitulé « Fragiles utopies ». Avec, cette année, un enjeu renouvelé par le lancement d’un prix sponsorisé par une banque. Doté de 30 000 euros, celui-ci sera décerné le jour de l’ouverture, le 3 avril et récompensera un artiste, sans distinction d’âge, parmi la sélection d’Éric de Chassey.
Du côté des galeries étrangères, on ne trouve pas de poids lourds du marché, ni de galeries prescriptrices, mais des enseignes qui méritent l’attention, comme la kenyane Circle Art Agency ou l’iranienne Etemad.
La foire compte une quinzaine de solo shows, ce qui est assez peu. Mais elle revendique une ligne éditoriale en mettant l’accent sur la tendance « Arts & Crafts » (d’après le nom du mouvement lancé en Angleterre par William Morris dans la deuxième moitié du XIXe siècle). Ce thème 2024 entend souligner le retour des savoir-faire artisanaux dans le champ de l’art. Le commissaire indépendant Nicolas Trembley a repéré, sur les stands des exposants, une vingtaine d’artistes de toutes générations, tels que Karina Bisch (galerie Lahumière), Sheila Hicks (galerie Claude Bernard) ou Jean-Marie Appriou (Perrotin). Certaines œuvres ont été créées spécifiquement, comme les pièces textiles de Joël Andrianomearisoa ou de Jeanne Vicerial, les céramiques de Daniel Dewar et Grégory Gicquel, le travail en verre soufflé de Michele Ciacciofera. La thématique inclut le mobilier (signé Élizabeth Garouste), jusqu’aux bijoux avec des créations de Thomas Bayrle.
Guillaume Piens souhaite aussi choyer une nouvelle génération de marchands, comme Clavé Fine Art (Paris), Pauline Pavec (Paris) ou Ketabi Bourdet (Paris). Le secteur « Promesses » réunit ainsi neuf structures ayant moins de six ans d’existence. Cette édition 2024 met également en avant un secteur moderne – un peu moins du quart des participants – encore plus qualitatif que les années précédentes, et plus varié dans ses propositions. C’est dans ce secteur que l’on trouve des œuvres dépassant les 200 000 euros – « l’année dernière, plusieurs pièces avaient trouvé des acquéreurs pour des montants autour de 600 000 euros », rappelle le directeur artistique de la foire. Des records qui demeurent exceptionnels.
Pour les acheteurs moins fortunés, la foire a mis en place sur sa plateforme numérique une formule d’achat en leasing, à partir de 126 euros par mois pour des montants inférieurs à 10 000 euros, et de 234 euros mensuels pour des œuvres dont les prix excèdent les 100 000 euros. Une option sur le long terme qui engage quand même l’acheteur sur plusieurs décennies.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°630 du 29 mars 2024, avec le titre suivant : Art Paris met la barre plus haut