PARIS
Tour d’horizon du programme d’expositions annoncé par les galeries pour la 26e édition de la foire.
Paris. Que vont montrer les galeries à Art Paris ? Certaines choisissent de rassembler les créations de plusieurs de leurs artistes, toutes générations confondues. C’est une bonne stratégie si l’on veut multiplier les propositions et parvenir à l’offre la plus large possible, quitte parfois à associer des esthétiques très éloignées. C’est le cas, par exemple, de la galerie Mitterrand (Paris) qui vient avec un panachage d’œuvres de Niki de Saint Phalle, My-Lan Hoang-Thuy, Wallen Mapondera, Chibuike Uzoma et Raphaël Zarka. Inutile de chercher un lien entre Woodhouselee (2022), la sculpture abstraite de Raphael Zarka, référence aux cadrans solaires écossais du XVIIe siècle, et la nana de Niki de Saint Phalle en résine peinte (Dawn (jaune), 1995), placée en majesté sur le stand. Dans un registre très différent, Ketabi Bourdet (Paris) présente également plusieurs de ses artistes, des peintres en milieu de carrière (Inès Longevial, Idir Davaine…) et deux designers confirmés (Élizabeth Garouste, Mathias Kiss). Mais ce stand, pensé « comme le salon d’un collectionneur », reflète l’identité de la galerie, qui fait dialoguer l’art et le design, et compte parmi les nouveaux exposants de la foire.
Fidèle de la première heure, Lahumière (Paris), présente depuis 2006 dans les allées d’Art Paris, parvient à créer des correspondances visuelles entre un petit tableau textile de Karina Bisch, une composition pointilliste d’Antoine Perrot et une Vierge abstraite d’Auguste Herbin. Autre pilier d’Art Paris, La Forest-Divonne (Paris, Bruxelles) consacre son stand à une variation sur la peinture de paysage, des toiles récentes de Vincent Bioulès aux compositions sur Dibond de Jeff Kowatch (prix de 25 000 € à 48 000 €).
Quelques enseignes ont une véritable démarche « curatoriale » : la galerie Catherine Issert (Saint-Paul-de-Vence) et la galerie Zlotowski (Paris) ont ainsi uni leurs efforts pour concevoir ensemble une exposition sur la tache, prétexte à réunir des artistes modernes et contemporains montrant la place de ce motif, des années 1930 à nos jours (de Hans Arp à Sheila Hicks). Cette exposition en deux volets est ébauchée en avant-première au sein de leurs stands respectifs à Art Paris, avec notamment une belle encre de Chine de Pierrette Bloch sur l’espace de Zlotowski (58 000 €).
Une quinzaine d’exposants seulement ont opté pour des présentations en solo, comme Huberty & Breyne (Paris) qui met en avant l’œuvre protéiforme (peintures, dessins, sculptures…) de Gilles Barbier. Son travail, empreint d’humour et de références à la culture pop, figure aujourd’hui dans de nombreuses collections publiques et privées.
La galerie 110-Véronique Rieffel (Paris) invite à mieux connaître la démarche cultivée de l’artiste pluridisciplinaire Katia Kameli (photographie, vidéo, sculpture, tuft, aquarelle…, voir ill.), comme l’œuvre textile de sa série « Stream of stories » (2022) sur les métamorphoses des fables de Kalîla wa Dimna ayant inspiré La Fontaine.
Du côté des modernes, la Galerie Patrice Trigano (Paris) mise sur Jean Hélion, peintre du siècle dernier auquel le Musée d’art moderne de la ville de Paris consacre actuellement une rétrospective, et qu’Applicat Prazan (Paris) a célébré en octobre dernier. On assiste là à un phénomène de redécouverte et de valorisation. Le stand de la galerie Patrice Trigano comporte plusieurs toiles, dont une scène de rue au caractère onirique Floralie (1969), représentative des préoccupations et du style d’Hélion à la fin des années 1960 (240 000 €).
Le thème « Arts & Crafts » mis à l’honneur par la sélection de Nicolas Trembley favorise la présence d’œuvres en lien avec les savoir-faire artisanaux, offrant une pondération bienvenue à l’omniprésence de la peinture, à l’instar des céramiques brutalistes de Jacqueline et Jean Lerat, que soutient la Galerie Capazza (Nançay) (de 3 000 à plus de 50 000 €, voir ill.). La galerie Loevenbruck (Paris) est également identifiée par ce parcours thématique, avec des sculptures en grès de la série « Stoneware » (2023) du duo Daniel Dewar & Grégory Giquel (entre 14 000 et 20 000 €) auxquelles font écho un tableau-sculpture de Roy Adzak (42 000 €), ainsi que des toiles d’Alfred Courmes, Gilles Aillaud, Robert Devriendt et Blaise Drummond. Le clou du stand est une peinture sur toile libre de Michel Parmentier (11 novembre 1966, 1966) alternant de larges bandes horizontales bleu et blanc (350 000 €).
Parmi les galeries étrangères nouvelles venues sur la foire, Etemad Gallery, installée à Téhéran, et que certains auront peut-être déjà remarquée à la foire Asia Now, propose une exposition de peinture de trois de ses artistes – Mojé Assefjah, Habib Farajabadi, Negar Ghiamat – réunis par leur maîtrise de la couleur.
Du côté des jeunes enseignes du secteur « Promesses », Felix Frachon (Bruxelles) fait dialoguer des dessins au fusain de l’artiste Shine Shivan avec les tableaux hybrides (alliant peinture, céramique et textile) d’Arnaud Rochand qui puise son inspiration dans la tradition de l’azulejo (entre 5 000 et 10 000 €). Quant à la She Bam Galerie Laetitia Gorsy (Leipzig), elle présente entre autres une installation inédite d’Io Burgard, connue pour ses sculptures en plâtre évoquant des formes organiques.
Une édition qui réserve ainsi beaucoup de propositions intéressantes, représentatives de la création contemporaine et des héritages modernes.
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Art Paris : des propositions diverses et de qualité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°630 du 29 mars 2024, avec le titre suivant : Art Paris : des propositions diverses et de qualité