BRUXELLES / BELGIQUE
La 35e édition de la foire, désormais installée sur le vaste site plus adapté de Tour et Taxis, a réduit sa voilure et mise sur des valeurs montantes et la découverte de nombreux talents pour se développer.
BRUXELLES - « L’an dernier, à la suite des attentats, nous avons dû faire face à certaines annulations, non pas de galeries, mais de collectionneurs », explique la directrice générale de la foire, Anne Vierstraete. « Des groupes de grands mécènes de musées et de collectionneurs en provenance, entre autres, de New York, mais aussi de Shanghaï, ont renoncé à venir au dernier moment, de même que certains collectionneurs pourtant fidèles qui ne sont tout simplement pas venus à cause de vols d’avion perturbés. » Ceci étant, « le bilan du déménagement de la foire à Tour et Taxis l’an dernier est 100 % positif. D’une part, le lieu en lui-même est extraordinaire. De plus, nous sommes plus près du centre névralgique de Bruxelles, et ainsi plus proche des institutions et des musées partenaires. Enfin, comme nous avons dû réduire le nombre de galeries, cela a permis d’aiguiser la qualité et de clarifier le profil des différentes sections de la foire. »
Pour cet opus 2017, la foire souhaite confirmer la validité de cette nouvelle formule. Étonnamment, la directrice artistique, Katerina Gregos, n’a pas été remplacée, laissant la place vacante ; mais on notera peu de changements structurels par rapport à l’an dernier. Le nombre total de galeries est quasi inchangé (soit 145 contre 141 galeries en 2016), avec une très large majorité d’enseignes européennes (85 %), et notamment de nombreuses galeries belges (18 %) et françaises (17 %). La proportion écrasante d’artistes vivants (95 %) ancre fortement la manifestation dans le contemporain. Enfin, la répartition entre les trois sections – Prime, la section principale qui présente les artistes établis ou de renom (109 galeries contre 99 l’an dernier) ; Rediscovery consacrée aux redécouvertes ; et Discovery, celle mettant en avant les artistes émergents – reste elle aussi identique. Cette dernière section, qui rassemble comme l’an dernier 30 galeries, permet de découvrir de jeunes artistes qui ne bénéficient pas encore d’une renommée internationale en présentant des œuvres récemment produites. C’est ainsi qu’on note l’arrivée d’Anne de Villepoix avec l’artiste sétois, Jean Denant.
Un renouvellement de galeries important
Dans la section Prime, on assiste au ralliement de galeries établies comme SKOPIA (Genève), Chelouche (Tel Aviv), Karl Pfefferle (Munich) ou encore Robilant Voena (Londres) qui arrive avec des œuvres de Lucio Fontana. Côté français, les galeries se sentent dans cette foire comme des poissons dans l’eau. À commencer par celles qui disposent d’une antenne bruxelloise comme Almine Rech, Daniel Templon ou Michel Rein. Ce dernier présente cette année beaucoup de peintures avec des œuvres tout droit sorties de l’atelier de Farah Atassi ou Armand Jalut. En revanche, Valentin qui a pourtant un pied à Bruxelles grâce à son espace d’exposition Mon Chéri (pour l’instant dans l’expectative du fait de la fin du bail) ne sera pas de la partie. « Bruxelles a changé. En quelques mois, nous sommes passés d’une ville très ouverte à un espace plus compliqué », confie Frédérique Valentin qui n’exclut pas une participation à Art Brussels l’an prochain. Parmi les sortants, on compte aussi Laurent Godin, Jérôme Poggi, Odile Ouizeman et Jousse. Mais de nouvelles enseignes prennent le relais, à l’instar de Jean Fournier et Eva Meyer. Suzanne Tarasiève fait son retour avec un stand consacré à un dialogue de choc entre Markus Lüpertz et le Recycle Group qui représentera le pavillon russe de la prochaine Biennale de Venise. En parallèle, on pourra découvrir en plein cœur de la ville (37, place du Chatelain) une sélection de ses artistes. Semiose revient aussi avec un solo show de Steve Gianakos. Autre solo show qui mérite le détour : celui de Nicolas Momein chez Bernard Ceysson – avec de toutes nouvelles productions à base de silicone –, ou encore Laure Prouvost chez Nathalie Obadia et Niki de Saint-Phalle chez Mitterrand avec des pièces historiques des années 1960-1970. Habitué de la foire, Éric Dupont présente une Bibliothèque spectaculaire de Pascal Convert. Du côté des enseignes belges, Xavier Hufkens accorde un focus au désormais célèbre David Altmejd, tandis que Meessen de Clercq met Benoît Maire à l’honneur.
Plusieurs galeries offrent aussi l’occasion de sortir de l’ombre ou de l’oubli certaines signatures grâce à la section Rediscovery, créée en 2016. Une spécificité de la foire belge. Cette année, neuf propositions ont été retenues, dont celle d’Antoine Laurentin qui présente le Belge Raoul Ubac ou encore celle de Sophia Contemporary (Londres) avec l’artiste libanais Alfred Basbous et celle de Rodolphe Janssen avec Léon Wuidar. « Nous ne sommes pas Art Basel ni la Fiac, insiste Anne Vierstraete, notre taux de renouvellement annuel est plus élevé (environ un quart), mais de ce fait, il y a toujours un effet de surprise très attendu. Les collectionneurs nous font confiance dans notre capacité à sélectionner des galeries de qualité et ils savent aussi que c’est l’occasion pour eux de découvrir ici des artistes et des œuvres qu’on ne voit pas ailleurs, surtout dans les sections Discovery et à Rediscovery. (…) Nous n’avons pas ou peu de collectionneurs spéculatifs. C’est un public averti qui prend le temps de réfléchir, mais qui a aussi l’audace de prendre des risques. »
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Du 21 au 23 avril, Tour & Taxis, avenue du Port 86C, 1000 Bruxelles (Belgique).
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Vue générale d'Art Brussels 2016. © David Plas.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°477 du 14 avril 2017, avec le titre suivant : Art Brussels poursuit sa trace, à son rythme