BRUXELLES / BELGIQUE
La 40e édition de la foire d’art contemporain bruxelloise offre quatre jours d’intenses découvertes.
Bruxelles. 40e édition pour Art Brussels qui a désormais pris ses quartiers au Parc des expositions, à quelques encablures de l’atomium. Une atmosphère conviviale alliée à une programmation pointue dans l’espace lumineux et aéré du palais Art déco hérité de l’Exposition universelle de 1935 forment l’ADN de l’événement.
C’est un programme copieux qui s’offre aux visiteurs cette année avec 176 galeries issues de 31 pays. Le navire amiral, la section « Prime », qui présente le travail d’artistes déjà établis ou « mid-career » [en milieu de carrière], rassemble 119 galeries. Parmi les nouvelles venues, citons Air de Paris (Romainville) Andréhn-Schiptjenko (Stockholm, Paris), Duarte Sequeira (Braga, Séoul), la Galerie Thomas Schulte de Berlin ou Steve Turner de Los Angeles. Près de trente galeries participent au parcours « Solo », qui consacre une exposition personnelle à un artiste vivant, tandis que la section « Discovery » se tourne vers les artistes émergents avec des travaux postérieurs à 2021.
« Rediscovery », quant à elle, met à l’honneur un(e) artiste du XXe siècle qui n’a pas encore reçu la reconnaissance méritée. Ainsi, à l’occasion du 50e anniversaire de l’exposition manifeste d’Iris Clert « Grandes femmes, petits formats », Françoise Livinec (Paris) expose trois artistes qui ont participé à cet événement : Zuka (1924-2016), Louise Barbu (1931-2021) et Elga Heinzen, née en 1933.
Les artistes dont le visiteur pourra croiser les œuvres au détour des allées traitent de manière frontale ou détournée des différents questionnements et thématiques qui traversent la société contemporaine. Le regard féminin pour Andréa Éva Györi et Sema Selman (acb Gallery, Budapest) ou l’invisibilité des femmes noires pour Senzeni Marasela (Kalashnikovv Gallery, Randburg, Afrique du Sud) ; l’histoire de l’art avec un hommage en trompe-l’œil à René Magritte et à Chantal Akerman par le duo Bachelot-Caron (Galerie Anne-Laure Buffard, Paris) ; l’urbanisme au travers du travail photographique de Dani Gherca (Mind Set Art Center, Taipei, Taïwan). Mais aussi l’environnement et la mémoire de l’enfance dans les fragiles assemblages d’os de seiche récoltés aux quatre coins du monde par Jeewi Lee (Sexauer, Berlin) ; la surveillance digitale avec la série de peintures « screen scrapes » de Chris Dorland (Super Dakota, Bruxelles).
Sur le stand d’Anca Poterasu Gallery (Bucarest, Roumanie), Yasmina Assbane déconstruit le discours de l’industrie de la beauté pour interroger l’imaginaire féminin entre objet et sujet. Ailleurs, Henry Glavin sonde l’étrangeté du quotidien avec ses peintures d’intérieurs (Galerie C, Paris) alors que Jil Lahr compose ses installations et peintures à partir d’objets de tous les jours (Suburbia Contemporary, Barcelone). Chez Rose Easton (Londres), Tasneem Sarkez explore son identité de jeune femme musulmane arabo-américaine en combinant photographie, vidéo et peinture.
Dans le cadre du projet « Art for the City », des galeries, au nombre de quatorze, sont invitées à proposer une sculpture monumentale, exposée devant le hall 6. L’artiste sélectionné(e) par un jury se verra commander par la Ville de Bruxelles une œuvre spécifique destinée à un site de l’espace public, encore à déterminer. Par ailleurs, six artistes ont été choisis par la Maison Ruinart sous la thématique « Conversations with nature ». On y voit notamment le travail de Pascale Marthine Tayou, Henrique Oliveira, Tomoko Sauvage et Marcus Coates.
L’exposition « Wandering Minds », sous le commissariat de Gregory Lang, offre en quelque sorte un avant-goût de la 60e Biennale de Venise puisque les huit artistes seront présents cette année sur la lagune. Soutenue par la Fondation Wallonie-Bruxelles, l’exposition « T.W.I.B (The World is Banana) », de Rokko Miyoshi, explore les origines de la propagande moderne à travers l’histoire de l’United Fruit Company, la multinationale qui détient sur bien des territoires un quasi-monopole du commerce de la banane. Mettant en pratique les préceptes d’Edward Bernays, publicitaire austro-américain et neveu de Sigmund Freud, la compagnie fruitière a légitimé les violences néocoloniales pour son profit financier. Réarrangeant une sélection d’objets, de photos et d’archives, l’artiste subvertit et met en évidence les mécanismes de la propagande.
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Art Brussels met du cœur dans sa programmation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°631 du 12 avril 2024, avec le titre suivant : Art Brussels met du cœur dans sa programmation