Foire & Salon

Art Basel Paris : la foire des valeurs sûres

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 30 octobre 2024 - 698 mots

PARIS

Les marchands ont surtout mis en avant et peut-être vendu des tableaux modernes et des contemporains reconnus.

Paris. Le retour tant attendu au Grand Palais a évidemment été pour beaucoup dans la réussite de l’événement – d’autant que le lieu, en retrouvant sa splendeur, a gagné en confort, l’organisation suisse veillant aux détails, de la signalétique aux sanitaires. Dès le lendemain de la manifestation, les participants « VIP » recevaient d’ailleurs dans leur boîte mails l’enquête de qualité censée aider « à améliorer l’expérience » grâce à un questionnaire invitant à noter aussi bien les services de restauration sur la foire que la qualité des œuvres exposées.

Or la sélection était d’un excellent niveau. Les galeries parisiennes, sur leur territoire, ont vendu des artistes hexagonaux : Caroline Achaintre (Art :Concept), Boris Achour (Allen), Abdelkader Benchamma (Templon), Julie Beaufils, Camille Blatrix (Balice Hertling), David Douard, Mimosa Echard (Chantal Crousel), Edgar Sarin (Michel Rein), Pierre Seinturier (Georges Philippe et Nathalie Vallois), Claire Tabouret (Perrotin), Thu-Van Tran (Almine Rech)… On pouvait voir sur les stands des œuvres récentes de créateurs reconnus, tels que George Condo (Sprüth Magers), Tracey Emin (White Cube ), Jenny Holzer (Hauser & Wirth)… et des pièces d’artistes historiques, de Gilles Aillaud (Loevenbruck) à Claude Viallat (Ceysson & Bénétière) et Soulages (Perrotin), de Janis Kounellis (Cardi Gallery) à Robert Rauschenberg (Mennour)… sans compter les Dubuffet (Gladstone), Josef Albers (White Cube), Basquiat (Van de Weghe), et les grandes compositions pop de Tom Wesselman tel un étonnant Smoker #20 (1975), en noir et blanc chez Gagosian.

La foire a eu ses buzz, comme l’énigmatique portrait de jeune fille de Victor Man chez Zwirner (K, 2014) et ses records officiels (notamment la toile Insile (2013) de Julie Mehretu vendue 9,5 millions par White Cube.

Des chefs d’œuvres signés Magritte, Miró, Kandinsky… étaient aussi au rendez-vous sur les cimaises des galeries d’art moderne et jusqu’au premier étage, sur le secteur Premise, où une fantastique Esquisse pour le Harem (1906), de Picasso voisinait avec un Bouquet de fleurs fraîchement restauré de Séraphine Louis sur le stand de Dina Vierny.

Le parcours Ohlala censé signaler les nouveaux accrochages n’aura cependant pas marqué les esprits, nombre de galeristes ignorant même son existence signalée par des stickers. Certains ont cependant joué le jeu – Anne Barrault a même exhumé un dessin de Roland Topor, titré Oh la la (1973). Mais la plupart ont renouvelé en toute discrétion leurs sélections, comme Art : Concept, qui a décliné trois versions de son stand, tout en gardant au mur le portrait de Dalida par Nina Childress qui faisait l’affiche de la foire (sans surprise, vendu dès le premier jour).

La peinture occupe une place majeure

La domination écrasante de la peinture s’est confirmée une fois de plus, les sculptures faisant office de trophées iconiques : araignée de Louise Bourgeois vendue pour 20 millions de dollars par Hauser & Wirth (Spider, I, 1995) (voir ill.), édition de bronzes de Thomas Houseago chez Xavier Hufkens ou cette Femme (2018) de Wang Keping, chez Nathalie Obadia.

Les chiffres communiqués par les galeries, impossibles à vérifier, semblent indiquer que les collectionneurs ont été actifs. Comme toujours, certaines galeries sont plus heureuses que d’autres. La galerie Christophe Gaillard, placée allée F, en retrait du salon d’honneur, mais sur le passage VIP, assure avoir connu la meilleure foire de son existence, ayant vendu aussi bien une sculpture de Daniel Pommereuil qu’une grande toile d’Hélène Delprat, une autre de Julien des Monstiers, une sculpture d’Anita Molinero… Bouffée d’air appréciable dans une période morose, l’événement ne doit pas faire oublier les difficultés auxquelles font face les galeries, en particulier celles de taille moyenne, qui expliquent faire ces temps-ci des économies sur tout, des frais d’exposition aux participations aux foires. Reste que l’événement est une manifestation du soft power français : plus de deux cents représentants de musées et fondations du monde entier ont arpenté la foire, de même que de nombreux collectionneurs en provenance d’autres pays d’Europe, d’Amérique (du Nord et du Sud) et d’Asie (notamment de Hong Kong et de Corée). Mais c’est en catimini que le président Emmanuel Macron a fait vendredi matin sa visite au Grand Palais – la presse cette fois-ci n’a pas été conviée à l’escorter.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°642 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : Art Basel Paris : la foire des valeurs sûres

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