Avec « 45 ans de portraits, 1969-2014 », la galerie Thaddaeus Ropac de Pantin offre au public un événement d’ampleur muséale.
Cette exposition monographique montre d’Alex Katz, peintre américain de 87 ans trop peu connu en France, une centaine d’œuvres caractéristiques de son univers, marqué stylistiquement par un trait travaillé et des aplats de couleurs et, thématiquement, par l’exécution de portraits de sa famille et de l’intelligentsia new-yorkaise. Sont donnés
à voir aux visiteurs des tableaux historiques datant du début des années 1960 et 1970 ainsi que des œuvres plus récentes des années 1980 jusqu’à aujourd’hui. Thaddaeus Ropac précise : « Nous avons obtenu le prêt de pièces splendides appartenant au peintre, à des collectionneurs privés ainsi qu’à des collections publiques. C’est un bonheur de travailler avec Alex car c’est un grand professionnel. Le jour du vernissage, en descendant de l’avion, il est venu aussitôt à la galerie et il a changé des détails de la scénographie. »
Gratter la surface du tableau
Lorsqu’on lui demande ce qu’il a « corrigé », l’intéressé précise : « Il s’agissait essentiellement de déplacer une peinture, Nabil’s Loft (1976), qui n’était pas accrochée sur le bon mur. Cette grande toile présente trois personnages au premier plan devant un pan de mur. Or la cimaise sur laquelle était initialement posé mon tableau inscrivait celui-ci dans un espace qui n’allait pas avec l’espace peint représenté. Alors, comme mon travail établit une relation étroite entre l’œuvre et le mur, on a tout simplement changé le mur d’accrochage. » D’Alex Katz, né en 1927 à New York, on ne retient souvent que l’apparence « bon chic bon genre ». On peut en effet admirer la douceur de vivre de ses toiles figuratives associées au pop art présentant, dans des lofts new-yorkais, de beaux jeunes hommes et des intellectuelles nonchalantes arborant une garde-robe aux lignes fluides. Sensible à l’air du temps, aux modes, Katz retient avec précision les détails de coiffure, de vêtements, les poses, les signes ou les symboles d’une époque ou d’une génération. Mais, à côté de cet aspect hautement séduisant, il y a avant tout et surtout un questionnement pointu sur son art, doublé d’une célébration de la peinture pure ; ce que ne manque pas de constater l’historien Adrien Goetz dans le catalogue de l’exposition : « Il n’est en rien un artiste facile. Il est savant, ardu, complexe, il ne se donne jamais au premier regard. » En effet, Katz, avec sa technique très neutre – il fait d’abord une esquisse sur le motif puis la retravaille et l’agrandit sur la toile –, réalise une peinture qu’il nomme lui-même « abstraite-figurative ». Le rapport sophistiqué entre la figuration du sujet et l’abstraction du second plan, ainsi que la simplification des formes et des plans, conduisent son art, en apparence illustratif, aux confins de l’abstraction. D’ailleurs, quand on demande au très cultivé Alex Katz quel est son artiste français préféré, il affirme sans hésiter : « Actuellement, c’est Soulages, et ses meilleures œuvres sont ses plus récentes, quand il épure au maximum. »
1927
Naissance à New York
1946-1949
Étudie à la Cooper Union de New York
1949-1950
Étudie à la Skowhegan School of Painting and Sculpture, dans le Maine
1954
Première exposition personnelle à la Roko Gallery, New York
1958
Se marie avec Ada, sa muse et modèle principal
2009
Exposition au Musée de Grenoble
2014
Vit et travaille à New York
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Alex Katz - Abstrait… figuratif
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 12 juillet 2014. Galerie Thaddaeus Ropac, Pantin (93).
Ouvert du mardi au samedi de 10 h à 19 h. Entrée libre.
www.ropac.net
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°668 du 1 mai 2014, avec le titre suivant : Alex Katz - Abstrait… figuratif