LIMOGES (NOUVELLE-AQUITAINE) [04.01.17] - Le procureur de la République de Limoges, Gilbert Emery, a indiqué mercredi avoir ouvert une enquête sur les pratiques financières de Jean-Claude Boisdevésy, ancien délégué régional de la Fondation du Patrimoine pour le Limousin, à la suite de révélations du site Mediapart.
Selon une enquête publiée par Mediapart début décembre, quelque 500 000 euros auraient bénéficié à M. Boisdevésy ou à des membres de sa famille alors qu'il occupait son poste à titre bénévole. Confirmant une information de France Bleu Limousin, Gilbert Emery a indiqué à l'AFP s'être auto-saisi pour faire la lumière sur les pratiques de l'ancien responsable de la Fondation du Patrimoine et vérifier s'il a "alimenté son train de vie aux dépens de l'organisme". "Devant les révélations du site Mediapart, j'ai, comme je le fais toujours, attendu qu'une plainte soit déposée. Un mois s'est écoulé, et je considère désormais que cette plainte ne viendra pas. C'est très désagréable pour moi de constater que des infractions financières sérieuses ont été avancées et que personne n'a bougé. Je ne suis pas payé à regarder passer les trains", a expliqué le procureur, qui a ouvert une enquête préliminaire confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie de Limoges.
La Fondation du Patrimoine est une fondation reconnue d'utilité publique chargée de récolter des fonds, notamment par le mécénat populaire, pour la sauvegarde du patrimoine bâti à valeur patrimoniale mais non protégé au titre des Bâtiments de France. A ce titre, elle perçoit de l'Etat une fraction du produit des héritages en déshérence, et est autorisée par l'administration à utiliser des mesures d'incitation fiscale auprès de ses mécènes, qui peuvent déduire entre 65 et 75% des dons de leurs impôts.
M. Boisdevésy, qui a quitté en décembre le poste bénévole de délégué régional de la fondation occupé pendant près de 20 ans, a selon Mediapart "fait des prouesses" dans cette région en matière de levée de fonds. Mais le site d'investigation estime qu'il a tiré avantage de sa situation en installant par exemple la Fondation dans des locaux appartenant à lui-même ou à des membres de sa famille, avec des loyers nettement surévalués, en faisant entretenir son jardin personnel aux frais de la Fondation ou encore en faisant émettre des bons ouvrant droit à défiscalisation pour son foyer ou des membres de sa famille. "Mediapart a mis en cause un certain nombre d'actes de gestion de notre délégué. Bien que tendancieuse, cette mise en cause a bien entendu retenu toute notre attention", a réagi dans un communiqué la Fondation du Patrimoine au niveau national. "Nous serons en mesure très bientôt de confirmer ou d'infirmer ces allégations car, en raison du départ de l'intéressé et en accord avec lui, nous avions d'ores et déjà commandé un audit externe" dont les résultats seront examinés "très prochainement", ajoute la fondation. Ils seront ensuite communiqués à son conseil d'administration, auquel assistent trois commissaires du gouvernement, souligne-t-elle.
La fondation, qui fêtait en 2016 ses 20 ans d'existence, tient son assemblée générale nationale le 19 janvier prochain à Paris.
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Limoges : enquête sur les pratiques financières d'un ex-responsable de la Fondation du Patrimoine
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