BERLIN (ALLEMAGNE) [02.05.13] - 51 galeries ont ouvert leurs portes simultanément lors du 26 au 28 avril, présentant 66 expositions. Les collectionneurs étaient au rendez-vous.
Les galeries d’art sont-elles un modèle obsolète ? C’est en tout cas ce qu’affirme le critique d’art américain Jerry Saltz, avec la chronique d’une mort annoncée des galeries du quartier de Chelsea à New York. Les collectionneurs préfèreraient acheter les œuvres d’art dans les foires ou bien en ligne sur Internet.
Le Gallery Weekend de Berlin, créé en 2005, et qui depuis a fait des petits de Kiev à New York en passant par Paris, vise à contrer ce phénomène. Les organisateurs ont d’ailleurs renoncé à la galerie virtuelle qui permettait de consulter les œuvres sur le site web l’an passé. Au contraire, cette année, aucun visuel n’est disponible afin d’envoyer un message fort : pour voir les œuvres, il faut se déplacer dans les galeries. Le pari est réussi puisque les collectionneurs se sont déplacés de toute l’Allemagne, mais aussi de France, Belgique, Suisse et Italie, et dans une moindre mesure, des Etats-Unis et d’Amérique latine.
Le format est apprécié des collectionneurs comme des galeristes. « Nous avons la même affluence que lors d’une foire, mais nous pouvons recevoir le public dans de meilleures conditions », déclare Javier Peres, dans son nouvel espace, un plus excentré, de sa galerie Peres Projects. Même son de cloche pour une collectionneuse franco-argentine qui déclare : « Même si le concept de la foire ABC en septembre est original, j’en avais fait le tour en une demi-journée. Là, je peux découvrir une cinquantaine de galeries en trois jours ». Il n’est dès lors guère étonnant que les galeries non seulement présentent leurs meilleures expositions de l’année, mais encore qu’elles soient prêtes à débourser pour le Gallery Weekend le double du prix d’un stand de la foire ABC.
Malgré les efforts du Sénat Berlinois pour replacer Berlin sur la carte des collectionneurs en septembre, avec l’annonce de la deuxième édition de la Berlin Art Week, il semble que le Gallery Weekend du printemps s’impose comme rendez-vous incontournable de l’année. L’événement avait atteint l’an passé sa taille critique de 51 galeries. Le nombre de galeries ne varie pas cette année. La nouveauté vient d’ailleurs : une professionnalisation accrue avec la nomination d’un nouveau directeur, le français Cédric Aurelle, qui a dirigé le bureau des arts plastiques de l’ambassade de France en Allemagne de 2007 à 2011.
La réception d’accueil du Gallery Weekend avait d’ailleurs lieu cette année à l’ambassade de France. Deux jours avant les débats politiques qui secouent les relations franco-allemandes, l’ambassadeur Gourdault-Montagne est revenu sur une autre polémique, culturelle celle-ci, autour de l’exposition De L’Allemagne au Louvre. Avant de rassurer en ajoutant que les relations sont au beau fixe avec André Schmitz, le Secrétaire d’Etat aux affaires culturelles du Land de Berlin. Plusieurs projets sont en préparation, tels que des échanges entre collectionneurs français et allemands, ainsi qu’un projet d’échange de curateurs.
Parmi les temps fort de l’événement, la galerie Isabella Bortolozzi présentait la star montante de ce Gallery Weekend, l’artiste colombien Oscar Murillo, dans trois espaces différents, dont un ancien bunker souterrain. La galerie Eigen Art ne désemplissait pas avec une œuvre inspirée par Nam June Paik de l’artiste Carsten Nicolai. Le galeriste Johann König a créé la surprise en exposant des œuvres graphiques de l’artiste italienne Monica Bonvicini, précédemment représentée par la galerie Max Hetzler. C’était également l’occasion pour le galeriste berlinois de présenter son nouvel espace, une ancienne église d’architecture brutaliste, dans lequel l’œuvre d’Alicja Kwade, une simple ampoule, inspirée du pendule de Foucault, prenait toute son ampleur.
Parmi les 51 galeries, trois nouvelles venues, dont Nature morte, une galerie indienne, et la galerie germano-roumaine Plan B, qui espère obtenir de sa participation au Gallery Weekend une nouvelle visibilité. « Le public berlinois est à la fois averti et « relax », un très bon mélange », selon son directeur Mihail Pop. Il présentait un artiste déjà établi, Ciprian Muresan, que le public français a pu découvrir à la FIAC dans le secteur Lafayette ou bien encore lors d’une exposition au FRAC Champagne-Ardenne fin 2011.
Enfin, l’artiste Hans-Peter Feldmann, que l’on peut voir actuellement à la Deichtorhallen de Hambourg, était exposé dans trois galeries différentes, dont la galerie Mehdi Chouakri, « selon le choix démocratique de l’artiste ».
La grande majorité des expositions du Gallery Weekend restent accrochée pour une durée d’environ six semaines, et peuvent donc être encore visitées jusqu’à fin mai / début juin.
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Le Gallery Weekend s’impose comme événement de l’année à Berlin
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