ROUBAIX - À l’origine de cette exposition, le désir de Claude Ruiz- Picasso de mettre en regard les œuvres de son père avec les photographies de David Douglas Duncan, photoreporter de guerre américain qui a immortalisé l’artiste espagnol durant les vingt dernières années de sa vie, de 1956 à 1973.
L’entreprise a été confiée à Stéphanie Ansari, en charge de l’inventaire des clichés de Duncan pour l’ancienne maison de ventes genevoise De Pury & Luxembourg, et à Tatyana Franck, directrice des archives Claude Picasso à Genève. Elles ont principalement sélectionné des images réalisées à la Villa La Californie à Cannes, lieu de résidence de l’artiste jusqu’en 1961 et point de rencontre des deux hommes en 1956. Après son passage par les musées Pablo Picasso de Màlaga et de Münster, Picasso à l’œuvre. Dans l’objectif de David Douglas Duncan, finit son itinéraire à La Piscine de Roubaix. Un choix motivé par le fonds Picasso du Musée d’art et d’industrie, riche d’une cinquantaine de céramiques, qui avait déjà fait l’objet d’une précédente présentation, Picasso peintre d’objets/Objets de peintre, en 2004. Outre cette collection, de nombreux prêts permettent d’appréhender la multiplicité des médiums utilisés par Pablo Picasso à cette période, des sculptures aux aquatintes en passant par les tôles découpées ou les pastels ; le plus notable restant le tableau Baigneurs à la Garoupe (1957), dont le Musée d’art et d’histoire de Genève a consenti à se séparer uniquement pour l’étape française.
Jeux de miroirs
En contrepoint, les photographies de David Douglas Duncan témoignent de l’atmosphère foisonnante du salon-atelier dans lequel Pablo Picasso puisait son inspiration. Elles donnent la possibilité de saisir, ne serait-ce qu’un instant, des bribes de la vie de l’artiste, pris en plein travail ou entouré de sa famille. La scénographie, réalisée par Cédric Guerlus (agence Going Design), confronte systématiquement les clichés avec leur réalité matérielle ; le processus créatif disséqué est mis en parallèle avec l’œuvre achevée et les agrandissements des prises de vue de La Californie permettent à nouveau de contextualiser de manière ludique des objets muséaux, par définition vidés de leur sens. La prégnance, dans les photographies comme sur les socles, de sculptures comme Le Fou (1905) ou Tête casquée (1933) offrent également la possibilité de faire des incursions à des époques antérieures de la vie de Picasso. La force de l’exposition tient peut-être dans ce subtil va-et-vient entre art et quotidien, passé et présent. On peut néanmoins regretter l’absence d’explications sur le personnage et l’œuvre de Duncan, mis à part une interview filmée à l’entrée et quelques citations anecdotiques sur les cimaises. Elles auraient permis de souligner davantage le caractère éminemment artistique de certains clichés, ici trop souvent envisagés comme simples matériaux documentaires.
Commissariat : Stéphanie Ansari, commissaire indépendante et Tatyana Franck, commissaire indépendante et directrice des archives Claude Picasso à Genève
Nombre d’œuvres : 257
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Picasso vu par Duncan
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 20 mai, La Piscine-Musée d’art et d’industrie André Diligent, 23, rue de l’Espérance, 59 100 Roubaix, tél. 03 20 69 23 61, www.roubaix-lapiscine.com, tlj sauf lundi 11h-18h (13h-18h le week-end)
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°368 du 27 avril 2012, avec le titre suivant : Picasso vu par Duncan