PARIS - Art Paris amorce cette année un virage qui se veut radical, avec pour objectif principal le remodelage total de l’image de la foire.PAR FRÉDÉRIC BONNET
L’Europe et ses régions apparaissent comme étant les nouveaux points de focalisation d’Art Paris. Le pari est audacieux : repositionner le salon en regardant ailleurs que vers les seuls centres dominants de l’art contemporain, en déplaçant le curseur vers des régions envisagées dans une acceptation élargie. Emmenée par Julien Lecêtre, son nouveau directeur, et Guillaume Piens, nommé commissaire général après avoir œuvré à Paris Photo, la nouvelle équipe semble décidée à repenser complètement la manifestation ; à commencer par son nom qui devient « Art Paris Art Fair », manière d’affirmer un nouveau visage et un concept repensé.
L’enjeu n’est pas mince, car après avoir traîné derrière elle l’image d’une foire classique quelque peu surannée mais néanmoins professionnelle et non dénuée de qualité, Art Paris avait ces dernières années perdu une grande part de sa crédibilité. Un trop grand mélange des genres avait en effet fini par confiner à la vulgarité.
Un comité de sélection est de retour, composé de six galeristes parmi lesquels Barbara Polla, fondatrice d’Analix Forever (Genève), d’Ernst Hilger (Vienne, Autriche) et Catherine Issert (Saint-Paul de Vence). Et, au lieu de s’adosser au marché anglo-saxon, traditionnel point d’attraction, le projet entend regarder vers l’est en valorisant le marché européen.
Car se pose toujours la question du positionnement du salon vis-à-vis d’une Fiac [Foire internationale d’art contemporain, Paris] qui ne cesse de se bonifier. Selon Bernard Ceysson (Paris, Luxembourg, Saint-Étienne), membre du comité de sélection, « il est astucieux pour Paris d’avoir deux foires car il n’est pas nécessaire de conquérir les mêmes galeries, même si certaines peuvent être communes. Les deux sont complémentaires : Art Paris est peut-être un peu moins médiatique mais plus attractive pour un certain type de collectionneurs. Cette complémentarité témoigne de la force de Paris et de sa capacité d’attraction. »
« Régionalisme cosmopolite »
Guillaume Piens insiste, lui, sur la nécessité de « doter Art Paris d’un projet artistique crédible qui doit exister avec sa propre écriture ». Et défend un concept de « régionalisme cosmopolite ne regardant pas seulement les grands centres de la création, mais surtout des scènes singulières et des galeries proposant des lignes pas formatées. »
À l’affiche de cette 14e édition sont ainsi attendues 120 galeries en provenance de 15 pays. 40 % d’entre elles sont étrangères et 56 %, présentes pour la première fois ou de retour après une pause. Dans l’optique du projet, c’est surtout l’Europe centrale et orientale qui a retenu l’attention des organisateurs et du comité, avec notamment une attention portée à la présence hongroise, forte de pas moins de sept enseignes en provenance de Budapest.
La lecture régionaliste a conduit à s’intéresser à des localisations périphériques. Ainsi Berlin n’a-t-il pas l’exclusivité au sein de la représentation allemande, puisque sont inscrites des galeries venant de Cologne (Priska Pasquer, Stefan Roepke…), Düsseldorf (Anna Klinkhammer) ou Fribourg (Albert Baumgarten). Timides, des ouvertures se font pourtant vers l’Asie avec la présence de deux galeries chinoises, 10 Chancery Lane (Hongkong) et Ifa (Shanghaï), tandis que quatre viennent de Séoul (A & B, 313 Art Project, H.A.N et Shuim).
Concernant la participation française, la très faible présence provinciale étonne au regard du projet énoncé. Pour ce qui est des Parisiens, à côté d’habitués tels Jean Brolly, Baudoin Lebon, Daniel Templon ou Claude Bernard, font leur entrée Martine et Thibault de la Châtre, Les Filles du Calvaire, JGM ou Zürcher. Au titre des nouveautés, relevons la création d’un secteur intitulé « Séries limitées » consacré au design contemporain. Par ailleurs est instauré un parcours VIP, « À Paris au printemps », lequel proposera de manière traditionnelle des visites des grands événements à voir au cours de la même période.
Reste une inconnue, et non des moindres : quelle sera la qualité effective des propositions émises par les participants à cette « Art Paris Art Fair » largement repensée ?
Directeur général : Julien Lecêtre
Commissaire général : Guillaume Piens
Nombre d’exposants : 120
Prix du mètre carré : 420 € HT
Nombre de visiteurs en 2011 : 48 000
Du 29 mars au 1er avril, Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, www.artparis.fr, les 29 et 31 mars 11h30-20h, le 30 mars 11h30-22h, le 1er avril 11h30-19h.
Légende photo :
Rinko Kawauchi, Sans titre, 2011, série « Illuminance », c-print, 101 x 101 cm. Courtesy Galerie Priska Pasquer, Cologne. © Rinko Kawauchi.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Art Paris ou l’Europe des régions
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €- Paris, tête de file et tête de pont
- Que voir à Art Paris Art Fair ?
- Du design en series limitees
- Drawing Now en « solo shows »
- Design gagnant
- Plus moderne et international
- Les bourgeons des enchères
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°365 du 16 mars 2012, avec le titre suivant : Art Paris ou l’Europe des régions