Les bourgeons des enchères

De belles ventes s’annoncent avec le printemps, marquant le début de la haute saison des enchères parisiennes. Estimée plus de 7 millions d’euros, la collection de 133 œuvres d’art moderne de Pierre et Geneviève Hebey sera l’un des clous du semestre, le 27 mars à Drouot. Le couple avait dispersé sa collection d’Art déco en octobre 1999 à Drouot pour 49 millions de francs (7,5 millions d’euros). Cette fois, ils cèdent un tableau historique de Roberto Matta, Eve of the Death, 1938, veille de la mort, estimé 1,2 à 1,5 million d’euros ; deux superbes huiles sur toile de Marc Chagall, L’Écuyère (1976) et La Route à Cramberry Lake (1944), pour respectivement 800 000 et 600 000 euros ; Le Journal, peinture de Fernando Botero estimée 350 000 euros ; Concetto spaziales, Attes (1959), toile rouge à deux fentes par Lucio Fontana estimée 150 000 euros, ou encore une Composition abstraite (vers 1966) signée Serge Poliakoff et estimée 180 000 euros. Parmi les sculptures, signalons un exceptionnel bronze à patine brune de L’Éternel Printemps d’Auguste Rodin (second état, 3e réduction, fonte Barbedienne entre 1904 et 1908), estimé 220 000 euros ; une sculpture majeure en sept pièces de bois laqué noir Dusk Shadows (1971) par Louise Nevelson, estimée 100 000 euros, et Pallas Athéna (1989), sculpture mécanique en fonte par Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle, estimée 100 000 euros.

Une vente événementielle réunit des livres illustrés par les grands maîtres de l’art du XXe siècle, soit 190 lots estimés 2,6 à 3,6 millions d’euros, le 28 mars chez Sotheby’s. Le collectionneur, qui a souhaité associer une maison de ventes internationale à l’enseigne parisienne Binoche et Giquello, se sépare notamment de 32 livres illustrés par Pablo Picasso entre 1905 et 1960, parmi lesquels le Saint Matorel (1911) de Max Jacob, précieux exemplaire ayant appartenu au relieur Georges Hugnet, enrichi de quatre eaux-fortes cubistes de Picasso et d’un envoi de Max Jacob ainsi que d’un dessin original du peintre. Estimé 80 000 euros, cet ouvrage est « le premier livre véritablement illustré par Pablo Picasso », souligne l’expert Yves Lebouc. Cette bibliothèque renferme d’autres trésors à l’exemple du Chef-d’œuvre inconnu d’Honoré de Balzac (1931), contenant 13 eaux-fortes hors texte de Picasso ainsi qu’un extraordinaire dessin original à la plume signé par l’artiste (est. 100 000 euros). L’amateur y trouvera également l’un des 14 premiers exemplaires du Cornet à dés (1917) de Max Jacob incluant la remarquable gravure au burin L’Arlequin par Picasso (est. 80 000 euros) ou encore le mythique Jazz (1947) illustré par Henri Matisse (est. 150 000 euros).

Art précolombien
La maison Binoche et Giquello défendra une semaine plus tôt, le 21 mars, l’art précolombien à travers une importante vente composée de pièces provenant de quatre collections prestigieuses constituées pour la plupart dans les années 1960. Les amateurs apprécieront un pectoral anthropomorphe olmèque en serpentine vert clair, provenant de la région de Veracruz, estimé 200 000 euros. Les pièces en céramique constituent les autres temps forts de cette vacation, tels une rare statue olmèque dite « Baby Face » (est. 150 000 euros) et un rarissime acrobate Tlatilco  (est. 200 000 euros). Y figurent aussi deux terres cuites plus tardives de la région de Veracruz : une rare et impressionnante statue anthropomorphe de culture totonaque, figure de chaman debout masquée d’un bec d’aigle harpie (est. 250 000 euros), et un personnage revêtu des atours de Xipe Totec, dieu des orfèvres et de la végétation (est. 100 000 euros).