Tous ensemble !

NEW YORK - Comment injecter de la fluidité et de la respiration dans les foires ? Comment éviter l’effet « supermarché » ? Telles sont les questions auxquelles répond la foire Independent, créée en 2010 à New York. « Vendre, vendre, vendre n’est peut-être pas le but dans la vie. Si on met de côté la dimension économique, on peut se demander ce qu’est un artiste et ce que veut dire montrer son travail. Il faut écouter ce que veulent les gens plutôt que de leur donner le modèle habituel et vendre du mètre carré », indique Darren Flook, directeur de la galerie The Hotel (Londres) et cofondateur de l’événement avec Elizabeth Dee (New York). Cette dernière ajoute : « Nous avons besoin d’un meilleur site, de frais moindres et d’un événement contrôlé par les galeries et non par une administration. L’intimité d’Independent est sa force. »
Forte du succès de sa première édition, Independent a rallié cette année The Modern Institute (Glasgow), qui organisera une exposition personnelle de Victoria Morton, Gavin Brown (New York), mais aussi Air de Paris (Paris), Jan Mot (Bruxelles) et, plus étonnamment, Sprüth Magers (Berlin, Londres). « Independent ressemble plus à une grande exposition qu’à une foire. C’est l’événement qui montrait le plus d’énergie à New York l’an dernier », estime Philomène Magers, qui présentera ses artistes les plus jeunes comme Cyprien Gaillard et David Maljkovic. Sont aussi de retour les Parisiens New Galerie, Balice Hertling et gb agency. « J’ai adoré le dynamisme, la simplicité, l’entraide amicale de l’année dernière, confie Solène Guillier, de gb agency. C’était un moment magnifique à expérimenter tous ensemble. » 

Un soutien de poids pour les artistes
Cette dimension collaborative revêt plus d’ampleur cette fois-ci. Ainsi Tanya Leighton (Berlin) et Wallspace (New York) concoctent-elles une exposition regroupant des artistes qu’elles représentent. De leur côté, Klosterfelde (Berlin) et Harris Lieberman (New York) orchestrent une exposition personnelle de Lisa Oppenheim. Gió Marconi (Milan) et Neue Alte Brücke (Francfort) s’allient pour montrer des pièces de Simon Fujiwara. De même, Jocelyn Wolff (Paris) présente, avec Elizabeth Dee (New York) et Meyer Riegger (Karlsruhe), des vitrines d’œuvres sur papier de Miriam Cahn. « Il ne s’agit pas d’un calcul économique à vrai dire, car chacune de nous aurait pu fonctionner en solo. Mais il était important de montrer le soutien fort dont bénéficie Miriam de la part de ses galeries », indique Jocelyn Wolff. Et d’ajouter : « Independent est l’une des meilleures foires que j’ai jamais faites. Elle intègre des aspects de Liste et d’Art Unlimited. » La foire a indéniablement ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffrés d’autres événements, comme Sunday en octobre dernier à Londres, ou Moving Image, nouvelle foire de vidéos organisée du 3 au 6 mars dans le Waterfront Tunnel à New York.