Créé à l’initiative de dix galeries parisiennes, « Paris-tableau », nouveau rendez-vous dédié à l’art ancien, s’installera en novembre 2011 au Palais Brongniart. Une initiative dont l’objectif est moins de reprendre la main face à la déferlante de l’art contemporain que de créer des passerelles entre deux mondes parfois étanches.
PARIS - Dix galeries parisiennes de tableaux anciens (1) montent au créneau en créant la nouvelle foire « Paris-Tableau », qui sera organisée du 3 au 8 novembre 2011 au Palais Brongniart. Aligné sur le modèle du Salon du dessin, l’événement invitera dix marchands étrangers, les exposants se voyant attribuer les stands par tirage au sort. Cette heureuse initiative est née d’un manque : l’absence de tableaux anciens dans les autres manifestations parisiennes, à commencer par la Biennale des antiquaires, qui a compté tout juste quatre participants dans cette spécialité cette année. « Notre qualité numéro un est le travail sur la durée. Nous investissons beaucoup dans la recherche, nous rédigeons des publications. Il s’agit d’un travail de longue haleine. Nous investissons nos fonds, nous constituons des stocks. La presse ne parle que des prix et des transactions, mais pas du travail réalisé en amont. Le galeriste manque de visibilité », constate le marchand parisien Maurizio Canesso, président de la toute nouvelle Société des dix marchands de tableaux anciens, calquée sur le modèle de la Société du dessin.
Face aux ventes publiques
En revalorisant leur métier, les galeries haussent le ton face aux ventes publiques, en soulignant la garantie décennale qu’offrent les marchands. L’idée est aussi de rappeler l’importance de Paris, l’une des seules villes, avec Londres, à compter autant de galeries ayant pignon sur rue, certaines de niveau international, adoubées notamment par Tefaf (Maastricht). Or, le poids indéniable de la capitale française a souvent été occulté par les mastodontes londoniens financés par des banques, et capables de miser très cher en ventes publiques pour acheter des lots phare. « Les galeries françaises affichent un fonctionnement plus souple que les anglo-saxonnes, elles possèdent moins de structures lourdes, et sont très proches du terrain. C’est un système composé d’identités très définies », précise Maurizio Canesso. Bien sûr, l’objectif tacite est également de reprendre la parole face à la déferlante de l’art contemporain, du moins de créer des passerelles entre deux mondes parfois très étanches. « Avec le prix d’un Warhol, Maurizio et moi pourrions créer deux salles de tableaux anciens de qualité muséale. Le but est de montrer qu’on peut acheter des œuvres avec un poids historique et pourtant abordables. D’ailleurs, des artistes comme Jeff Koons ou Damien Hirst achètent des tableaux anciens », remarque Jean-François Heim, vice-président de la Société des dix marchands de tableaux. Et d’ajouter : « Nous voudrions obtenir l’extension des lois sur le mécénat à nos domaines. Nous souhaiterions un traitement équitable. Si des banques comme ABN AMRO ou la Société Générale ont constitué des collections d’art contemporain, c’était aussi grâce à certains avantages. Nous voudrions qu’une entreprise puisse acheter de l’art ancien comme de l’art contemporain, avec les mêmes avantages fiscaux. » Avis à nos gouvernants !
(1) Didier Aaron, Canesso, Éric Coatalem, De Jonckheere, Haboldt & Co., Jean-François Heim, Jacques Leegenhoek, G. Sarti, Talabardon & Gautier, Claude Vittet
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La revanche de l'art ancien
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Abonnez-vous dès 1 €Palais Brongniart (2006) - Photographe Fip - Licence CC BY-SA 3.0
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°336 du 3 décembre 2010, avec le titre suivant : La revanche de l'art ancien