Le marchand Maurizio Canesso a inauguré de luxueux locaux au cœur du quartier Drouot. Il y présente une œuvre redécouverte de Titien.
PARIS - Maurizio Canesso peut enfin respirer. Après avoir passé plus de dix ans dans ses locaux exigus de la rue Rossini (Paris-9e), le marchand s’est offert une vaste galerie avec vue sur cour, dotée d’une imposante bibliothèque, et de nombreuses remises pour son large stock de tableaux et de cadres. Ce nouvel espace est surtout l’occasion d’exposer dignement des œuvres d’art italien du XVIe et du XVIIe siècle, sa spécialité.
Maurizio Canesso a fait ses classes auprès du marchand Piero Corsini à New York, un apprentissage au cours duquel il a sillonné l’Europe et l’Amérique du Sud. Il choisit Paris pour s’installer à son compte en 1988, avant d’ouvrir des bureaux rue Rossini en 1994, au cœur du quartier de l’hôtel Drouot. Sorti d’une école de commerce, Maurizio Canesso n’a confiance qu’en son propre goût, aiguisé au fil des ans. La concurrence entre marchands, selon lui, sévit au moment de l’acquisition d’une œuvre. Il n’achète et ne vend que ce qu’il aime, en ventes publiques ou privées, partout en Europe, mais aussi en Amérique du Sud : « São Paulo a une grande population italienne ! ». Répartie entre musées et particuliers, sa clientèle majoritairement européenne aura accès à ce nouvel espace seulement sur rendez-vous. Le public parisien peut néanmoins le découvrir le temps d’une exposition, « Autour de Titien », où sont proposées quelques perles de l’art italien du Cinquecento.
Réalisée pour une commande de Philippe II d’Espagne, la grande version de Diane surprise au bain par Actéon de Titien est aujourd’hui dans les collections du Musée d’Édimbourg. Maurizio Canesso en a déniché une réplique autographe, de plus petit format, sortie de l’ombre dans les années 1990. Titien saisit cet instant dramatique où Actéon, frappé de stupeur, ne sait pas encore quel sort lui réservent les foudres de Diane la chasseresse. La taille réduite du tableau ne gâche en rien sa composition, ni la délicatesse des couleurs. Les œuvres de Titien sont suffisamment rares sur le marché pour que le galeriste en attende plusieurs millions d’euros. Paris Bordon est également à l’honneur avec le splendide Repos pendant la fuite en Égypte avec sainte Catherine et des anges (2,5 millions d’euros) et le Portrait d’une jeune femme à la chevelure rousse flamboyante. Vénus et Adonis par Luca Cambiaso (2,2 millions d’euros) était déjà visible sur le stand du marchand à Tefaf, la foire de Maastricht, en 2004.
Sont encore présentées une rare scène d’extérieur de Bassano, L’Adoration des bergers, ainsi qu’une foisonnante Fête champêtre sur la rive d’un fleuve, du Bolonais Mastelletta. « Il faut du courage pour acheter certaines œuvres », affirme le galeriste à propos du tableau de Simone Peterzano, Angélique et Médor (proposé 950 000 euros). Élève de Titien et maître du Caravage, Peterzano attend encore une vraie reconnaissance. Toutes ces œuvres sont regroupées dans un catalogue fort documenté et rédigé par Véronique Damian, l’historienne de l’art de la galerie.
Jusqu’au 28 octobre, Galerie Canesso, 26, rue Laffitte, 75009 Paris, tél. 01 40 22 61 71, www.canesso.com, tlj sauf samedi et dimanche 11h-18h.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le Canesso nouveau
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €- Nombre d’artistes : 6 - Nombre d’œuvres : 7 huiles sur toile
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°223 du 21 octobre 2005, avec le titre suivant : Le Canesso nouveau