Frédéric Mitterrand a été reconduit le 14 novembre dans ses fonctions de ministre de la Culture au sein du troisième gouvernement Fillon. Si son bilan reste pour l’instant maigre, son maintien Rue de Valois lui offre dix-huit mois pour convaincre.
PARIS - Malgré les inévitables rumeurs, c’est sans surprise que Frédéric Mitterrand a été reconduit dans ses fonctions de ministre de la Culture et de la Communication, dans le troisième gouvernement de François Fillon. L’ancien animateur-producteur de télévision voit même son rang conforté et conserve sa place en tant que ministre de plein exercice à la table du Conseil des ministres. Pour Frédéric Mitterrand, nommé en juin 2009 en remplacement de Christine Albanel, cette confirmation de son rôle à la tête de la Rue de Valois est le signe que les efforts qu’il a engagés pour gagner en crédibilité sont aujourd’hui récompensés. Porté par des débuts médiatiques tonitruants, Frédéric Mitterrand a vu son aura ternie dès octobre 2009 par la polémique agitée autour de la publication d’extraits issus d’un livre très personnel, pourtant paru en 2005. Après une période de fébrilité accentuée par un manque d’assurance face à la technicité des dossiers, le ministre a su remiser son style grandiloquent, au risque de paraître terne et ennuyeux. Il a martelé avoir désormais pour seule ambition d’« être gestionnaire et visionnaire ».
Pris en tenaille entre Matignon et Bercy
Si son maintien en place permet au ministère de la Culture de s’installer dans une relative stabilité – après une période de valse des titulaires –, il est aussi le signe de la faiblesse de son poids politique dans l’architecture gouvernementale, aucun ténor du parti majoritaire ne s’étant battu pour décrocher le maroquin.
Pris en tenaille entre Matignon, qui dicte la marche à suivre, et Bercy, qui noue ou dénoue les cordons de la bourse, le ministre de la Culture en est souvent réduit à entériner les choix et assurer – tant bien que mal – le service après vente. Cela tout en cadrant les initiatives prises par le Conseil de la création artistique, piloté en marge du ministère par Marin Karmitz, à la demande du président de la République.
Si Frédéric Mitterrand déclare « s’être fortement engagé pour préserver son budget », son bilan à mi-parcours reste encore maigre. Après avoir soldé le feuilleton Hadopi et s’être raccroché au train de la numérisation du patrimoine, le ministre ne peut mettre à son crédit qu’un « plan musées en régions 2011-2013 » (qui reste à concrétiser), et une confirmation, en terrain miné, du projet présidentiel de « Maison de l’histoire de France ». Sur son bureau, les dossiers sensibles se sont pourtant accumulés : fusion entre la Réunion des musées nationaux et le Grand Palais ; déblocage du financement de la Philharmonie de Paris ; définition des règles en matière de dévolution du patrimoine ; réflexion sur l’archéologie préventive ; achèvement de la réforme des sociétés de ventes volontaires.
En devenant le ministre de la Culture le plus « durable » du mandat de Nicolas Sarkozy, Frédéric Mitterrand devra désormais assumer pleinement les choix de la politique culturelle qu’il a mise en œuvre jusqu’en 2012. Tout en s’accommodant du zèle de nouveaux interlocuteurs sur les sujets du numérique et du tourisme, à savoir respectivement le ministre Éric Besson et le secrétaire d’État Frédéric Lefèvre…
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Mitterrand reconduit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°335 du 19 novembre 2010, avec le titre suivant : Mitterrand reconduit