Depuis 2004, les membres de l’Association pour la diffusion internationale de l’art français (Adiaf) ont exposé à deux reprises leurs collections, dans les musées de Tourcoing, puis Grenoble.
Ils récidivent jusqu’au 13 février au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg et au Fonds régional d’art contemporain (FRAC) Alsace à Sélestat. Baptisé « De leur temps », l’événement a un thème imposé : montrer les nominés de toutes les éditions du prix Marcel Duchamp, lequel fête cette année son dixième anniversaire. Soixante-dix-huit prêteurs, dont 10 % ne sont pas membres de l’association, déploient cent cinquante œuvres. Près de 60 % d’entre eux ont accepté que leurs noms figurent sur les cartels, transparence que l’on n’aurait pas nécessairement imaginée dix ans plus tôt. La partie de l’exposition hébergée par le FRAC est bien construite, avec notamment une remarquable installation de Pascal Pinaud, commande de la Fondation d’entreprise Hermès. On regrette en revanche le surcroît de petits formats dans le volet accueilli par le Musée de Strasbourg. Certes, ces pièces domestiques reflètent une certaine collectionnite à la française. De manière démocratique, tous les adhérents ayant proposé des œuvres ont pu en montrer au moins une. Mais cette démarche œcuménique sert-elle vraiment les artistes, au moment même où des curateurs étrangers conviés par le programme « Focus » de CulturesFrance étaient invités à visiter l’exposition ? Ainsi Xavier Veilhan n’est-il représenté qu’à travers des œuvres relativement anecdotiques, alors que Céleste Boursier-Mougenot bénéficie du prêt d’une très belle installation détenue par le collectionneur Michel Poitevin. L’Adiaf gagnerait peut-être à solliciter dans ses expositions des œuvres issues des collections publiques, pour donner un panorama plus substantiel du travail des créateurs. « On confond taille et qualité, estime pour sa part Gilles Fuchs, président de l’Adiaf. Les œuvres de Philippe Mayaux sont plutôt de petite taille. Mais dans un musée, il est plus dur de les mettre en valeur. » Quoi qu’il en soit, les collectionneurs français ont fait du chemin, et certains, à l’image de Guillaume Houzé, prêteur de deux grandes installations de Richard Fauguet et Pierre Ardouvin, ne rechignent pas à le faire en présence d’œuvres qu’ils ne peuvent exposer chez eux.
Une campagne pour l’Adiaf
Avec deux cent quatre-vingts adhérents, l’Adiaf elle-même a évolué depuis sa création, en 1994. Néanmoins, malgré une cotisation modique, certains comme l’électron libre Jean Chatelus, Laurent Dumas ou les Gensolle, n’y figurent pas. En dépit de nombreux recoupements, les sociétés d’Amis de musées représentent aussi une certaine concurrence. Quand ces dernières proposent à leurs membres une entrée gratuite dans les musées concernés ainsi que des visites d’atelier ou de galeries, l’Adiaf n’avance à ce jour que des cartes VIP pour trois foires et quelques voyages sur mesure. « Si on faisait une véritable campagne, on pourrait atteindre quatre cents membres en 2013 », affirme Michel Poitevin, secrétaire général de l’Adiaf. Le mouvement ne fait que commencer.
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Des collectionneurs de leur temps
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°335 du 19 novembre 2010, avec le titre suivant : Des collectionneurs de leur temps