Avec deux fois moins d’exposants qu’en 1994, le Salon international des musées et des expositions (Sime) réduit cette année ses ambitions. Cette manifestation biennale, qui quitte pour la première fois Paris pour Venise, s’oriente plus directement vers les professionnels et sera marquée par la désertion de la plupart des musées français.
PARIS - "La grande période des musées est derrière nous, et le Salon international des musées et des expositions reflète cette évolution", reconnaît Jean François Grunfeld, organisateur et créateur depuis 1988 de ce rendez-vous biennal, dont l’édition 1996 se déroulera à Venise du 20 au 25 avril. "Le choix de cette ville est le résultat du hasard et de la nécessité, précise-t-il. Je ne voulais pas renouveler l’expérience de 1994, où nous avions dû organiser le Salon sous une tente au Champ-de-Mars à la suite de la fermeture inopinée du Grand Palais. L’espace précaire, mal insonorisé, était laid et trivial. D’autre part, la date de réouverture et la destination finale du Grand Palais n’ont toujours pas été arrêtées, et le Carrousel du Louvre est trop petit et trop éclaté à mon goût."
Après avoir envisagé de s’installer à Berlin, Jean François Grunfeld a finalement opté pour la cité des Doges, une idée proposée par un partenaire italien. Le Sime se déroulera donc à la Corderie de l’Arsenal de Venise sur un espace de près de 2 000 m2, soit une surface deux fois moins importante qu’il y a deux ans au Champ-de-Mars. Les exposants, une centaine, seront aussi deux fois moins nombreux. Les musées français n’ont pas suivi Jean François Grunfeld dans sa migration vers l’Italie.
Désaffection des musées français
Moins d’une dizaine seront présents, dont la Réunion des musées nationaux et les grands musées de l’Éducation nationale : le Muséum d’histoire naturelle, le Musée des arts et métiers et le Palais de la découverte. "Trois régions françaises se préparaient pourtant à venir, mais elles ont abandonné après le mouvement social de décembre. Aller à Venise est considéré par certains comme une provocation par les temps qui courent", constate Jean François Grunfeld. Et pourtant, selon lui, le prix du stand au m2 (400 francs) est 30 % moins cher qu’à Paris.
Sur le plan européen, la désaffection se fait également sentir. Les Britanniques comme les Néerlandais ne viendront pas, mais ces deux pays ont toujours été minoritaires au Sime. Les musées viennois, les musées d’État espagnols, quelques Allemands seront là, ainsi que la Slovénie, la Roumanie, la Macédoine. Le Sime réduit ses ambitions et privilégie les professionnels, après avoir choyé le grand public lors des précédentes éditions. Il n’y aura pas cette année d’expositions comme, en 1994, celle des pièces de la collection d’art africain du peintre allemand Georg Baselitz, ni d’événements musicaux ou gastronomiques. Et les musées présenteront peu d’œuvres sur leurs stands, le grand public n’étant plus la vocation première du Sime.
"La mise en scène des œuvres dans les stands est coûteuse, et les musées ont moins d’argent à dépenser. Quand des choix sont à faire, ils préfèrent utiliser cet argent pour organiser des expositions", remarque Jean François Grunfeld. L’accent sera mis sur l’image, grâce notamment aux techniques du multimédia. Le catalogue du Sime sera édité cette année sur CD-Rom et accessible sur l’Internet. Un colloque aura pour thème "Art, enseignement, multimédia". L’autre grand colloque, organisé sur trois jours, traitera du tourisme culturel.
"Si l’édition 1996 du Salon des musées et des expositions est un succès, j’envisage d’organiser le Sime tous les ans dès 1997", affirme Jean François Grunfeld. Avec Venise désormais pour port d’attache.
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Le Sime réduit la voilure
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : Le Sime réduit la voilure