TURIN - La qualité ne va pas toujours de pair avec le succès commercial. Pour preuve, la dernière édition d’Artissima organisée du 6 au 8 novembre.
Sous la houlette de son directeur, Andrea Bellini, le salon turinois joue désormais dans la cour des grands. Pointu et pétillant, il rivalise presque avec l’étage contemporain d’Art Basel. Mettant à profit des stands extrêmement spacieux, les exposants ont offert des accrochages aussi impeccables que réfléchis. « Notre programme au sein d’une foire comme celle-là est enfin lisible. On laisse les galeries mettre en place leurs univers et on les respecte », soulignait Solène Guillier, codirectrice de la galerie gb agency (Paris), laquelle avait subtilement joué sur l’idée d’apparition et de disparition. Même sens des nuances chez Air de Paris (Paris), qui faisait dialoguer Trisha Donnelly, Allen Ruppersberg et Guy de Cointet. Bien que focalisé sur la jeune création, Artissima ne succombe pas au travers jeuniste…
Les découvertes furent nombreuses, comme l’installation de Rosa Barba jouant sur l’usure d’un film tournant à vide chez Carlier Gebauer (Berlin). Pour ceux qui avaient manqué l’exposition de Goshka Macuga à la Tate Britain, à Londres en 2007, le salon offrait une séance de rattrapage. Le FRAC Piémont a ainsi acheté une œuvre de l’artiste polonaise chez Andrew Kreps (New York). Les institutions semblaient s’être données le mot puisque le Castello di Rivoli, le Musée d’art contemporain situé près de Turin, a jeté son dévolu sur une autre pièce de Macuga chez Kate MacGarry (Londres). Une grande vitrine murale engorgée de socles abandonnés dominait le stand de Francesca Minini (Milan). Cette installation du Danois Simon Dybbroe Møller fut aussitôt achetée par la Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea de Turin. Ce musée a aussi emporté un film d’Ulla von Brandenburg chez Art:Concept (Paris), tandis que le FRAC Piémont a acquis des dessins de l’artiste allemande. Tous les marchands ne furent pas aussi chanceux. Ceux qui n’ont pas bénéficié d’achats institutionnels se sont tourné les pouces. « Les collectionneurs italiens étaient hésitants, presque inquiets qu’on les force à acheter. On sentait réellement une distance de leur part », confiait Ellen de Bruijne (Amsterdam). Pour Frank Elbaz (Paris), « c’était passable, mais aucun de nous n’était venu pour faire un carton. Il s’agit presque plus d’un projet curatorial que d’une foire. »
Un Pistoletto archaïque
Le public d’Artissima attendait beaucoup d’Anno Uno, Terzo Paradiso, pièce de 1981 que l’artiste Michelangelo Pistoletto a réactivée au Teatro Regio de Turin, à l’occasion de la foire. Mais la performance a cruellement déçu. Si le dispositif scénique et la gestique proche des opéras de Luciano Berio ne manquaient pas d’intérêt, le texte était franchement indigeste. Mixant mélopées bibliques, chœurs de théâtre grec, références à la chute du mur de Berlin et phraséologie révolutionnaire, la pièce semblait terriblement datée. À trop convoquer les mythes, Pistoletto a sombré dans l’archaïsme.
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Entre projet curatorial et foire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°313 du 13 novembre 2009, avec le titre suivant : Entre projet curatorial et foire