Richard Diebenkorn a été tour à tour expressionniste abstrait, réaliste et coloriste. L’exposition du Whitney Museum organisée par Jane Livingston, commissaire d’exposition invitée, tente de montrer comment il est devenu, avec l’âge, un peintre classique abstrait qui s’inspirait continuellement de Cézanne, Matisse et Mondrian.
NEW YORK. Richard Diebenkorn (1922-1993), né à Portland dans l’Oregon, a grandi à San Francisco. À la fin des années quarante, il s’est forgé une réputation d’improvisateur génial de peintures abstraites, dans une technique s’apparentant à celle de Willem de Kooning. Au milieu des années cinquante, alors que son œuvre abstraite commençait à être reconnue, il s’est tourné vers le réalisme. Le contenu humain de ses peintures figuratives est devenu prétexte à des expérimentations de couleur et de structure. L’artiste n’avait pas oublié l’impression troublante que lui avaient laissée certains tableaux de Matisse. Il les avait vus à la Phillips Collection, à Washington, lorsqu’il était dans les Marines, en Virginie, pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1967, invité à enseigner à UCLA (Université de Californie à Los Angeles), Diebenkorn s’est installé dans un atelier près de Santa Monica, dans un quartier qui devait donner son nom à sa plus célèbre série de travaux abstraits : Ocean Park. Ces toiles, à la fois gestuelles et classiques, s’opposent aux peintures de l’École de New York par leur capacité à laisser transparaître une structure recouverte sous plusieurs couches de couleur. L’énigme des styles “Je voulais que le visiteur puisse voir l’évolution du travail de Diebenkorn, souligne Jane Livingston, une progression qui montre le caractère dramatique de son œuvre”. Les espaces du rez-de-chaussée du Whitney présentent une sélection d’œuvres très peu exposées, notamment une douzaine de Couvercles de boîtes à cigares, petites peintures abstraites exécutées sur ces supports inhabituels qu’il offrait ensuite à ses amis. Exposer Richard Diebenkorn dans son ensemble permet de résoudre la soi-disant énigme que posent ses différents styles. “Dick n’a presque jamais fait de croquis pour ses peintures, remarque Jane Livingston. Il y avait derrière sa perception des choses et leur transcription picturale une structure Chomskienne profonde. Dans tous ses thèmes et leurs variations, les habitudes et les dispositifs fondamentaux qui ont jalonné l’ensemble de sa carrière se retrouvent ici, en dépit de ce qu’il appelait ses changements de style explosifs”. L’accrochage des peintures de la série Ocean Park est très dense, afin de refléter les habitudes d’atelier de l’artiste. Pour un peintre qui n’a pas tout à fait trouvé sa place à New York, sa cote sur le marché de l’art est assez élevée : Ocean Park 40 s’est vendu 1,76 million de dollars (10,5 millions de francs) en 1990, un prix record pour une de ses toiles
L’ART DE RICHARD DIEBENKORN, jusqu’au 11 janvier 1998, Whitney Museum of American Art, 945 Madison Avenue, New York, tél. 1 212 570 3676, tlj sauf lundi et mardi 11h-18h, jeudi 13h-20h. Catalogue 276 p., Jane Livingston, University of California Press, Berkeley, 1997.
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Diebenkorn cornélien
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°48 du 21 novembre 1997, avec le titre suivant : Diebenkorn cornélien