Figure clé du design moderne, Christopher Dresser était considéré dès
la fin du XIXe siècle comme le père de l’objet industriel de qualité. Protagoniste du grand débat théorique et stylistique auquel William Morris, Ruskin et Pugin ont également pris part, le designer écossais s’est distingué par la pureté et la géométrie de ses œuvres auxquelles la Triennale de Milan consacre une exposition.
MILAN (de notre correspondante) - Dans le cadre de la programmation “La mémoire et le futur”, la Triennale de Milan consacre une exposition au designer, natif de Glasgow, Christopher Dresser (1834-1904). Proposant pour la première fois une lecture de l’œuvre de ce “designer à la cour de la reine Victoria”, le musée a réuni quelque cinq cents œuvres réalisées par Dresser et relatives à l’Exposition universelle de 1851. Contemporain de William Morris et des acteurs du mouvement Arts & Crafts prônant une culture artisanale, Dresser s’est efforcé de conférer une nouvelle dignité au produit industriel, mettant à profit de nouveaux matériaux adaptables aux exigences de la production mécanique et sérielle. Diplômé en botanique d’art – une discipline alors très liée au design qu’il théorise en 1860 –, Dresser fait ses premiers pas de créateur dans le Crystal Palace de Joseph Paxton. Dû à la volonté du prince Albert, l’époux de Victoria, cet immense bâtiment en fonte et en verre, emblème de la révolution industrielle, symbolisait les capacités britanniques d’entreprise et d’organisation. Dans cet édifice circulaire, près de 14 000 exposants venus du monde entier présentèrent 100 000 produits. Pour Dresser et ses contemporains anglais, cet événement international auquel six millions de visiteurs se sont pressés, était l’occasion de s’ouvrir à la production contemporaine étrangère. Faisant preuve d’un esprit “universel”, Dresser a travaillé le bois, la céramique, les tissus et le verre en privilégiant les formes pures et rigoureuses à une époque où la production courante abondait en décors. Designer de la manufacture allemande Minton – représentée dans le pavillon médiéval de Pugin en 1851 –, il présenta aux Expositions de 1862 et 1867 une série de céramiques. Collectionneur passionné par les pièces exotiques, Dresser se rendit au Japon au cours de l’année 1877, puis dessina des objets aux lignes d’une grande rigueur, anticipant le style Art déco des années 1930. Ses œuvres les plus innovantes sont souvent en argent et en métal argenté, telle la théière en forme de losange creux, dessinée en 1879, ou la boîte à biscuits de 1880, sphérique et semblable à un disque volant appuyé sur de petits pieds écartés – autant de pièces dignes des années 1950. Reconnu par ses contemporains, la revue The Studio le désignait en 1889 comme “le plus grand designer commercial de la Grande-Bretagne contemporaine”.
- Christopher Dresser (1834-1904). Un designer À la Cour de la reine Victoria, jusqu’au 3 mars, Triennale, Viale Alemagna 6, Milan, tél. 39 02 724 341, tlj sauf lundi 10h-20h.
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À l’aube du design
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°139 du 21 décembre 2001, avec le titre suivant : À l’aube du design