Le Musée du Prado vient de se doter, en la personne de Miguel Zugaza, du plus jeune directeur de son histoire. Il succède à Fernando Checa, universitaire qui a démissionné alors qu’Eduardo Serra, président de la Fondation du Prado prend de plus en plus en d’importance dans la gestion du musée.
MADRID (de notre correspondant) - “L’incompatibilité absolue avec Eduardo Serra”, président de la Fondation qui soutient le musée depuis 1999, est une des raisons évoquées par Fernando Checa, directeur du Musée du Prado nommé en 1996 (le huitième en seulement vingt-cinq ans) pour expliquer sa démission. La ministre espagnole de l’Éducation et de la Culture, Pilar del Castillo, a accepté cette décision sans aucune objection. Eduardo Serra, ancien ministre de la Défense et président de Peugeot-Talbot Espagne, a été l’artisan de la réforme du Prado (pour certains, le premier pas vers la privatisation, lire le JdA n° 127, 11 mai 2001) suivant laquelle le statut juridique du Prado, principal musée espagnol, devrait passer d’“organisme autonome” à “société publique à autonomie limitée”, avec un renforcement marqué de la Fondation. “Eduardo Serra entretenait des rapports avec les conservateurs du musée sans que je le sache, déplore Fernando Checa, et il assumait des fonctions propres à celles du directeur, comme les relations avec la presse et les autres musées internationaux. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été lorsqu’il m’a expulsé de mon bureau, désormais occupé par lui.” Avec l’appui d’Eduardo Serra, c’est un étudiant de Fernando Checa dont la candidature a été proposée par le ministre de la Culture, qui prend sa succession. Miguel Zugaza, trente-sept ans, est le plus jeune directeur du Prado. Actuel directeur du Musée des beaux-arts de Bilbao, historien de l’art, il a travaillé pour Ikeder, société familiale œuvrant dans le secteur des services culturels, et a été directeur adjoint de la Reina Sofía de 1994 à 1996. Son salaire brut est estimé à 77 500 euros par an.
Le jeune élève de Fernando Checa avait dans un premier temps refusé l’offre, d’autant que le poste avait été offert à Jesús Urrea, directeur du Musée national de sculpture de Valladolid. Sa décision finale a été motivée par une discussion avec le ministre de la Culture. “Ce sont des décisions compliquées qui mettent en jeu aussi bien la vie privée que la vie professionnelle, et j’ai personnellement peu d’expérience en la matière, a déclaré Miguel Zugaza. C’est le projet qui m’a convaincu, son ampleur merveilleuse et incroyable. C’est un défi fascinant d’une très grande portée. Pour moi, il est important que le Prado ait entamé une transformation dans tous les domaines. De plus, on me voue une confiance aveugle, tant le ministère qu’Eduardo Serra.” Pour ce dernier, le directeur du musée “doit partager la responsabilité de la gestion avec les autres organes qui dirigent le musée, de la fondation aux commissions qui composent l’organigramme, mais la responsabilité d’exécution lui revient dans tous les domaines”.
Toutefois, dans l’esquisse du projet de loi concernant le Prado qu’Eduardo Serra entend présenter au cours des prochains mois au Parlement, les compétences du président de la fondation devraient encore être élargies. Il se verrait alors attribuer “la conservation du musée, la supervision du développement de ses activités, le contrôle du respect de la loi, du statut et des normes de développement”. Fernando Checa, pour sa part, retournera à sa carrière universitaire et reprendra la chaire d’histoire de l’art à l’Universidad Complutense de Madrid.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le Prado se dote de son plus jeune directeur
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°140 du 11 janvier 2002, avec le titre suivant : Le Prado se dote de son plus jeune directeur