Un nouveau fonds d’investissement dans l’art vient de voir le jour
avec le soutien de Dresdner Kleinwort Capital. Dirigé
par Philip Hoffman, ancien collaborateur de Christie’s,
ce fonds, dont le capital devrait s’élever à plus de 150 millions d’euros, s’est entouré des principaux acteurs du marché.
Londres (de notre correspondante) - Un marché de l’art dynamique attire toujours les investisseurs. Ceux-ci lisent des articles concernant des Monet et des Matisse estimés plusieurs millions, et se demandent rapidement comment ils pourraient bien profiter de l’aubaine. La baisse des taux d’intérêt, l’irrégularité des places boursières et le climat de crainte qui s’est installé depuis le 11 septembre, relayé dans le monde économique par l’affaire Enron, n’ont fait qu’amplifier ce phénomène. Si l’on en croit les chiffres communiqués par Art Market Research, certains secteurs du marché de l’art, notamment les maîtres anciens, les impressionnistes, l’art moderne et l’art contemporain, ont connu ces vingt-cinq dernières années une croissance de 8 % à 13 %. C’est dans ce panorama que s’installe en Europe un solide fonds de placement dans l’art. Même s’il reste avare de promesses, ce dernier se concentrera sur les domaines sus-cités et prévoit une croissance estimée à 13 %. À la tête de ce fonds, Philip Hoffman, collaborateur de Christie’s pendant quinze ans, est soutenu par Dresdner Kleinwort Capital. Pour atteindre ses objectifs, il est encore à la recherche de quelque 200 particuliers fortunés (disposant de plus de 5 millions d’euros à leur actif) prêts à investir plus de 250 000 dollars (environ 294 000 euros). Le fonds pèsera alors entre 100 et 350 millions de dollars, un capital qui lui permettra d’acquérir un millier d’œuvres au cours des treize années à venir. Johnny Van Haeften, James Roundell, Ivor Braka, Charles Beddington et Thomas Dane partiront à la recherche des œuvres, et c’est à trois conseillers en art, Ugo Pierucci, Mark Politmore et Roger Bevan, que reviendra la décision d’achat. Enfin, Lord Gowrie, ancien président de Sotheby’s, dirigera un conseil de surveillance, qui compte parmi ses membres Katrin Bellinger, marchande d’art, spécialiste des maîtres anciens.
Reste que si les investisseurs regardent toujours les marchés lorsqu’ils sont au plus haut, il est surprenant d’acheter des œuvres alors que le marché est pratiquement aussi élevé qu’à la fin des années 1980. “Nous avons du temps devant nous, puisque le fonds a une durée de vie de treize ans, et nous ne cherchons pas à acheter des œuvres-massues comme le Docteur Gachet [le portrait de Van Gogh qui s’est vendu 82,5 millions de dollars en 1990], explique Lord Gowrie. Nous recherchons plutôt des œuvres dans une fourchette de 1 à 5 millions de dollars.” Autre point fort du fonds, les accords tissés avec les acteurs du marché. Sotheby’s et Christie’s feront office de conseillers. Les auctioneers ont accepté des conditions “privilégiées” restées confidentielles, mais qui se résumeraient à des possibilités de crédit très généreuses. Enfin, les marchands, que l’on souhaite encourager à acheter pour le fonds, plutôt que pour leur propre compte, recevront en cas de transaction d’une commission assortie d’un bonus substantiel. Lord Gowrie remarque d’ailleurs que les marchands ne disposent pas toujours des fonds nécessaires pour acheter des pièces d’exception.
Erreurs à éviter
Cet enthousiasme doit toutefois être modéré par de nombreux précédents. Le plus célèbre d’entre eux, le British Rail Pension Fund, a ainsi enregistré une croissance de 6,9 % en valeur constante, contre les 16 % enregistrés par la Bourse de Londres lors de la même période. “Il était trop diversifié, les domaines dotés d’un trop petit nombre de collectionneurs ont considérablement freiné sa progression. Nous voulons nous concentrer sur des domaines qui intéressent un plus large public et pour lesquels la demande est en augmentation”, répond Lord Gowrie. Autre contre-exemple malheureux, celui du fonds de la BNP, qui a perdu près de 8 millions de dollars (environ 9,3 millions d’euros).“Ils ont acheté en hâte des stocks de marchands, avec des frais de transaction associés très élevés. Nous serons sélectifs, nous achèterons auprès de vendeurs privés ou en salle des ventes et nous prendrons notre temps.” L’avenir jugera.
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L’art des affaires
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°144 du 8 mars 2002, avec le titre suivant : L’art des affaires