Après le renoncement à Officielle, jeunes enseignes, création émergente et redécouvertes à la Fiac se trouvent de nouveau recentrées au premier étage du Grand Palais. Revue de quelques propositions.
Pour qui serait en quête de quelques certitudes, les œuvres de l’artiste taïwanais Chou Yu-Cheng, par ailleurs diplômé des Beaux-Arts de Paris, pourraient paraître attractive. Concevant la plupart du temps ses interventions comme des dispositifs de présentation dans lesquels se mêlent divers formats, pratiques, matériaux… dont la nature n’est pas toujours évidente à appréhender pour le regard, il s’ingénie souvent à brouiller les limites et les facultés de compréhension des choses. Avec en filigrane des problématiques liées à la circulation et la diffusion des informations via les modes de communication contemporains, entre sphères publique et privée. Sur son stand, Edouard Malingue (Hongkong) expose également Samson Young, jeune pousse hongkongaise à l’ascension fulgurante, chez qui la recherche sonore prime autant que l’impact visuel.
Chez Clearing (New York), on retrouve le Thaïlandais Korakrit Arunanondchai avec une installation ayant servi de décor pour une performance lors de la dernière Biennale de Berlin. Il est accompagné par Lili Reynaud-Dewar qui, avec un film récent, poursuit son travail sur le corps et la place de l’artiste dans les espaces d’exposition en dansant nue et maquillée en rouge dans les espaces de la Biennale de Venise, vides après démontage.
Changement de ton sur le stand de Triple V (Paris), avec une forte prédominance picturale et des modes d’expression très diversifiés, entre les géométries d’Olivier Mosset et de John Tremblay, les formes simplifiées à l’extrême de Stephen Felton, les images récupérées et pixélisées d’Alex Brown ou l’abstraction de Nicolas Roggy.
Chez Éric Hussenot (Paris), c’est la sculpture qui est à l’honneur, celle de l’artiste allemand Stephan Dillemuth en l’occurrence. Entre goût assumé pour l’esthétique rococo et fascination pour le corps, sa mesure et sa possible transformation, c’est à un assemblage de plusieurs œuvres dans une installation complexe et fragmentée qu’est convié le spectateur.
Des artistes mexicains aux Indiens
C’est Aurélien Froment qui occupe le stand de Marcelle Alix (Paris), avec la projection de trois nouveaux films inspirés par le personnage singulier de Somnath Mukherjee qui quitta l’Inde en 1982 et, après un tour du monde à bicyclette, se fixa au Sénégal, entraînant en Afrique la translation d’éléments de la culture indienne, en particulier le chant, la musique et la danse.
Avec cinq artistes originaires d’autant de pays et appartenant à trois générations différentes, Thomas Bernard (Paris) s’intéresse à la question du paysage, mais en lien avec le texte ; le tout articulé autour d’une œuvre de Joseph Kosuth. Si Ignasi Aballí convoque des fragments découpés du journal El País pour recréer un monde, Sergio Verástegui, avec des formes d’écriture minimales souvent proches du fragment, délie des narrations sous-tendues. Quant aux partitions de Rolf Julius mêlant texte et formes colorées, elles composent des paysages à la fois sonores, graphiques et mentaux.
Comme de coutume, ce sont dix galeries qui ont été sélectionnées par un comité spécifique pour le Secteur Lafayette. Chez Arcade (Londres), la Française Caroline Achaintre laisse, avec une tapisserie murale et des pièces de céramique, se déployer son univers ambivalent fait de masques oscillant entre une esthétique populaire marquée par le grotesque et un intérêt non dissimulé pour l’abstraction géométrique.
Sur le stand de José García ,mx (Mexico), Tania Perez Cordova installe sa sculpture tout en finesse et subtilité, dont la matérialité affirmée engage des analogies ouvrant la voie à de possibles narrations interrompues.
Experimenter (New Dehli) expose une installation vidéo ainsi qu’un ensemble d’aquarelles de l’artiste pakistanaise Bani Abidi ; non dénué d’humour, son travail engage des questions politiques et culturelles en reproduisant par exemple des gestes anodins, mais chargés de sens, ou en observant les transformations de Karachi, sa ville natale. Sur le stand de Grey Noise (Dubaï), c’est le Libanais Charbel-Joseph H. Boutros qui est à la manœuvre, avec une installation consistant en une constellation d’œuvres autonomes et souvent elliptiques, mais qui ensemble peuvent être lues comme un journal déployé dans l’espace, dans lequel des histoires intimes se confrontent à des contingences géographiques et politiques.
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La jeune création rentre au bercail
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°465 du 14 octobre 2016, avec le titre suivant : La jeune création rentre au bercail