MP 2013 cherche son deuxième souffle

MARSEILLE - Capitaliser sur la culture et encourager l’élan engagé tout au long de l’année 2013 : en 2014, le brainstorming des édiles phocéens s’est timidement poursuivi sur les quais du Vieux-Port. À la fin de son année capitale pourtant, les dirigeants semblaient euphoriques : Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence (CCIMP) et de l’association MP 2013, ne cachait pas ses ambitions, souhaitant créer un mouvement similaire à celui produit par Lille 3000 après 2004.

Un an plus tard, que reste-t-il de l’année capitale ? De manière assez tardive, la CCI a créé en février 2014 un « groupe de réflexion informel » joliment intitulé Perle 2014 (« Pour ne pas en rester là en 2014 »), censé réunir les directeurs des structures culturelles, les grands mécènes de l’année passée et quelques décideurs politiques. Depuis plusieurs mois, l’impact et les résultats de ce think tank (laboratoire d’idées) sont plus que nébuleux. L’annonce de la nomination de Jean-François Chougnet à la tête du MuCEM cet été – que beaucoup souhaitaient voir à la tête d’une association pérenne dans la lignée de Lille 3000 – a sans doute refroidi les ardeurs.

Avec son bâton de pèlerin, Jacques Pfister s’échine à séduire les acteurs politiques du territoire marseillais : les polémiques des municipales et le projet de métropole ont envenimé le débat et arc-bouté les positions. Marseille, moteur décisionnaire de la métropole, ne semble pas avoir fait le choix de la culture.

Annulation de festivals
Si, pendant les municipales, le maire Jean-Claude Gaudin s’est engagé dans son programme à la création d’une « Biennale internationale des arts urbains et contemporains », on attend toujours l’annonce d’un calendrier, d’un cahier des charges et des moyens mis en place. Anne-Marie d’Estienne d’Orves, nouvelle adjointe à la Culture à la Ville, doit avant tout gérer un réseau de bibliothèques en souffrance : les huit établissements municipaux, longtemps sans directeur, sont en sous-effectif chronique, forçant les équipes à fermer un jour supplémentaire par semaine. La refonte des musées de Marseille, toujours en projet, n’a pas encore abouti.

Deux rendez-vous culturels phares du territoire ont pris fin : le Festival musical des voix du Gaou à Six-Fours-les-Plages (Var), faute de subventions, disparaîtra l’année prochaine après dix-huit éditions. À Salon-de-Provence, c’est le Salon public, festival des arts de la rue et du cirque, créé en 2009, qui n’a pas été reconduit cette année. Ces annulations, fautes de subventions publiques, risquent de se répéter dans les mois à venir.

À la Mairie, pourtant, on se veut lyrique : Marseille est « Ville capitale ». Et pour cause : fin septembre, dans la précipitation, Jean-Claude Gaudin a annoncé l’année « Marseille-Provence 2015, Année capitale de l’Arménie ». Pour Didier Parakian, adjoint en charge du dossier, « 2013 a été un accélérateur de la métropole. Nous voulons démontrer que nous sommes capables de travailler ensemble, de nous investir et de marcher comme un seul homme pour ce territoire. 2015 aussi, sera un accélérateur de métropole ». Après un appel à projets de seulement deux mois, l’annonce du programme sera rendue public en janvier.

La municipalité marseillaise attend maintenant 2017 : à la mi-octobre, la ville a été choisie comme Capitale européenne du sport, à la grande joie de l’équipe municipale. À Marseille, la Culture a encore du travail.