Après avoir été fermé pendant soixante-dix ans, et à l’issue de dix-huit mois de travaux, le théâtre impérial du château de Fontainebleau s’ouvre à la visite sous une nouvelle identité.
FONTAINEBLEAU - 5 millions d’euros, c’est dorénavant le prix qu’il faut mettre pour pouvoir donner son nom à un lieu patrimonial français. Alors que le groupe Wendel du baron Seillière avait déboursé 1,5 million d’euros pendant cinq ans pour voir son nom accolé à l’auditorium du Centre Pompidou-Metz, le cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyane, président de la fédération des Émirats arabes unis (EAU), a versé trois fois plus pour la restauration du théâtre impérial du château de Fontainebleau. C’est sans doute pour cette raison que la ministre de la Culure, Aurélie Filippetti, qui avait critiqué en son temps le mécénat Wendel, était tout sourire le 30 avril lors de la petite cérémonie en l’honneur du représentant de la dynastie régnante des Al-Nayyane, le cheikh Sultan ben Tahnoun al-Nahyan, grand patron de la puissante Autorité du tourisme et de la culture d’Abou Dhabi. Ce dernier avait troqué la tenue traditionnelle qu’il arborait la veille pour l’inauguration de l’exposition sur la collection du Louvre-Abou Dhabi en compagnie de François Hollande (lire p. 8) contre un costume deux-pièces. Malgré la présence du cheikh aux deux événements, la restauration du théâtre n’entre pas dans la convention du Louvre-Abou Dhabi. C’est le minsitre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres qui, en 2007, avait convaincu le président des EAU de rajouter dans la corbeille la restauration de ce théâtre. Dessiné par Hector Lefuel, décoré dans un style très chargé, inauguré en 1857, il n’a été utilisé qu’une dizaine de fois sous Napoléon III, très peu par la suite et a fermé définitivement en 1941. Aussi, malgré l’humidité et la poussière, les travaux n’auront-ils duré que dix-huit mois, auxquels s’ajoute la réfection de la toiture au-dessus du théâtre, financée elle par le ministère de la Culture pour un montant de 2,3 millions d’euros.
Pas d’exploitation du théâtre
La restauration a surtout porté sur la menuiserie, les peintures, les décors textiles, le mobilier et le grand lustre qui était tombé en 1926. Des travaux facilités par la décision de ne pas remettre en exploitation le théâtre, qui aurait provoqué une mise aux normes techniques de très grande ampleur. Seules une ventilation permanente et une modernisation des réseaux électriques ont été réalisées. Le théâtre « Cheik Khalifa ben Zayed al-Nahyane » devient ainsi un « conservatoire des arts décoratifs du XIXe » selon l’expression favorite de Jean-François Hebert, le président de l’établissement public, et s’inscrit dans le parcours de visite (sans surcoût). À terme, il n’est pas prévu plus de cinq représentations par an. Un terme inconnu, car la convention signée avec les EAU prévoit un versement complémentaire de 5 millions d’euros pour la restauration de la scène et des décors d’origine, mais aucune date n’a été avancée par les signataires quant au paiement, ni d’ailleurs de terme pour l’attribution du nom.
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Un théâtre « Cheik Khalifa ben Zayed al-Nahyane »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°413 du 9 mai 2014, avec le titre suivant : Un théâtre « Cheik Khalifa ben Zayed al-Nahyane »