Hopper : Peindre l’attente n’est pas une stricte monographie de l’artiste. L’ouvrage, sorti en octobre à l’occasion de l’exposition du Grand Palais, offre un regard sur la représentation de l’attente dans la peinture d’Edward Hopper (1882-1967), tout en construisant des ponts entre l’Américain et ses prédécesseurs, Vermeer, Degas, Vuillard…
En exergue, une citation de Paul Valéry, qu’Hopper recopia, sert de fil rouge au récit : « Il me sembla de voir la figure d’une pensée pour la première fois placée dans notre espace… Ici, véritablement, l’étendue parlait, songeait, enfantait des formes temporelles. L’attente, le doute, la concentration étaient choses visibles. » L’auteur s’interroge sur la visibilité, la posture, la construction plastique, la tension dramatique sous-jacente à cette attente.
L’essai met en lumière l’érudition littéraire d’Hopper, nourri aux œuvres de Proust, Ibsen, Beckett. Comprendre les paysages américains peuplés de poteaux télégraphiques à l’aune du récit d’À la recherche du temps perdu, et replacer l’art de Hopper dans une période de création où l’expérience du vide est centrale (chez l’écrivain Dino Buzzati, le peintre Giorgio De Chirico) : l’ouvrage donne des clefs de lecture captivantes. D’une érudition sans fioritures, le texte très richement illustré fait la part belle aux tableaux et à leurs récits intérieurs.
Emmanuel Pernoud, Hopper, Peindre l'attente, 2012, éditions Citadelles et Mazenod, 400 p., 189 €.
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Le temps suspendu d’Hopper
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°381 du 14 décembre 2012, avec le titre suivant : Le temps suspendu d’Hopper