Foire & Salon

L’estampe fait salon

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 30 juillet 2007 - 649 mots

Le Salon international de l’estampe s’installe au Grand Palais à Paris du 27 au 29 avril. S’associant au Salon du livre ancien, il espère ainsi bénéficier d’un public de bibliophiles.

Le Salon international de l’estampe, à Paris, a fait du chemin après un parcours chaotique, ponctué de migrations ou de mise en veille. Sa renaissance l’an dernier dans les Jardins des Tuileries augurait déjà d’un sursaut positif. Une donne que confirme sa tenue cette année au Grand Palais du 27 au 29 avril, conjointement avec le Salon du livre ancien. L’association des deux spécialités n’a rien d’incongru, les ligatures étant nombreuses entre le livre illustré et l’estampe. La Galerie Documents (Paris) joue même à fond sur ces passerelles en proposant un accrochage d’affiches de Bonnard ou Steinlen sur le thème de l’écriture et de la lecture.

Un surcroît de visiteurs
Pour les marchands d’estampes, il s’agit aussi de profiter par capillarité du public bibliophile. « Le salon du livre ancien attend quelque 12 000 visiteurs. On espère que la moitié d’entre eux pousseront le bout de leur nez jusqu’à nous », indique Éric Gillis, de la galerie C.G. Boerner (New York). La foire pâtit toutefois de plusieurs handicaps d’ordre structurel, mais aussi conjoncturel, avec la tenue simultanée de la London Original Print Fair (1). Le premier frein relève du désamour hexagonal pour le multiple, déprécié après les dérives de certains éditeurs dans les années 1970. Malgré la mollesse du marché français, les exposants d’estampes anciennes ne comptent pas jouer petits bras. Terrades (Paris) présente ainsi une vraie rareté avec Le Bon Samaritain, une planche iconique de Rodolphe Bresdin, signée et dédicacée à Huysmans. Les scènes de L’Apocalypse de Dürer courent quant à elles sur les cimaises de C.G. Boerner et André Candillier (Paris). Rembrandt compte naturellement parmi les convives avec une Descente de la croix aux torches chez Paul Prouté (Paris) et deux paysages chez Helmut H. Rumbler (Francfort). Si la section ancienne du salon joue sur le haut de gamme, la partie moderne et contemporaine s’avère plus disparate. On pourra certes apprécier les lithographies de Baselitz ou Tapiès chez Bellinzona (Milan), ou celles de Gérard Titus-Carmel chez Michèle Broutta (Paris). Mais, à l’exception de Maeght (Paris), les grands éditeurs français contemporains sont aux abonnés absents. « À un moment tous les éditeurs se sentaient bien à la FIAC [Foire internationale d’art contemporain] et il ne leur était pas possible de faire deux foires par an, souligne un éditeur. Nous sommes de petites structures et il est difficile de rentabiliser un stand en vendant des estampes. » Délogés de la FIAC et repêchés de justesse par Art Paris, peut-être devraient-ils réviser leur stratégie ?

Le potentiel parisien
Pour ce qui est de la concurrence londonienne, Éric Gillis la balaye du revers de la main. « Il n’y a pas de place pour deux foires en Europe et Paris a plus de potentiel pour attirer les grands collectionneurs », assure-t-il. Les galeries Martinez (Paris) et André Candillier mettent toutefois à l’épreuve leur don d’ubiquité en participant aux deux manifestations. Dans un marché restreint, les clients anglo-saxons ne sont pas à négliger. Pour harponner le chaland américain, certains rêvent d’une concomitance avec le Salon du dessin. « J’aimerais qu’on les rejoigne, mais le Salon du dessin veut rester tout seul, regrette Helmut H. Rumbler. Pourtant, ce serait idéal, car les conservateurs et collectionneurs américains prolongent leur visite en Europe après [Tefaf] Maastricht. Si nous étions liés à cet événement, nous pourrions en profiter. » À défaut d’un voisinage avec le dessin, l’heure semble en tout cas propice à une foire plus large du type works on paper.

(1) Du 25 au 29 avril. Rens. www.londonprintfair.com

SALON INTERNATIONAL DE L’ESTAMPE

- Directeur : Robert Guiot, président de la Chambre syndicale de l’estampe, dessin et tableau
- Nombre d’exposants : 28
- Tarif des stands : 350 euros le m2

Du 27 au 29 avril, Grand Palais, avenue Winston Churchill, Paris, www.es tampe-paris.com, tlj 11h-20h

Lire les autres articles du dossier Estampe du Journal des Arts 258 (27 avril au 10 mai 2007) :

- Un travail de construction-destruction

- Une multitude de techniques

- L’estampe en sa demeure

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°258 du 27 avril 2007, avec le titre suivant : L’estampe fait salon

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