Les maquettes des futurs musées ont été dévoilées dans l’Émirat.
ABOU DHABI - Les grands projets prévus à Abou Dhabi (Émirats arabes unis, EAU) pour l’île Saadiyat – île du Bonheur en arabe – se précisent (lire le JdA no 249, 15 déc. 2006, p. 3). Le 31 janvier, son excellence Cheik Mohammed Bin Zaed al-Nahyan, prince héritier et président du conseil exécutif de l’émirat, a inauguré dans l’hôtel sept étoiles (!) Emirates Palace, à Abou Dhabi, une exposition des maquettes des principaux musées qui doivent s’ouvrir à partir de 2011 dans l’émirat. Dans une logique de liste, les grands noms de l’architecture mondiale ont été convoqués pour édifier sur cette île de milliardaires les grands équipements qui doivent donner un parfum culturel à ce paradis, à côté des plages de sables fin, des golfs et des casinos. Fidèle au poste, Frank Gehry doit réitérer dans l’émirat son fameux « effet Bilbao ». Il a dévoilé son projet pour le « Guggenheim Abou Dhabi », musée d’art contemporain qui, avec ses 30 000 m2, représentera le plus grand musée Guggenheim du monde, en attendant peut-être les projets de la fondation américaine à Venise. Haut de quatre étages, le bâtiment sera construit autour d’une cour. De son côté, Zaha Hadid a été sollicitée pour le « Centre des arts vivants », prévu pour réunir cinq salles – un auditorium, une salle de concert, un opéra, un théâtre classique et un théâtre dit « flexible » d’une contenance de 6 500 places. « Le bâtiment fait partie d’un ensemble de structures en biais qui s’étendent du Musée de la mer dans l’extrême sud jusqu’au Guggenheim Abou Dhabi dans l’extrême nord, a déclaré l’architecte britannique d’origine irakienne. Avec son centre de masse au bord de l’eau, le Centre des arts concentre son volume le long de l’axe central du site. » Le Musée de la mer imaginé par le Japonais Tadao Ando présentera un intérieur en forme de bateau. Les visiteurs circuleront sur des plates-formes flottantes. Au sous-sol sera même construit un gigantesque aquarium. Malgré l’absence sur place de Jean Nouvel, son projet pour le musée classique, actuellement en négociation avec le gouvernement français pour porter le nom « Louvre », a également été dévoilé, avec sa grande coupole. Enfin, le Musée national de Cheikh Zayed attend encore son architecte.
Pragmatisme de mise
À côté de ces équipements culturels, un parc devrait être aménagé pour l’organisation d’une biennale d’art contemporain – qui viendrait concurrencer celle déjà organisée dans les EAU à Sharjah (1) – et de dix-neuf pavillons internationaux bordés par un canal, sur le modèle de Venise. Le but avoué de ces investissements, comme de l’organisation de la foire Art Paris Abou Dhabi, dont la première édition se tiendra en novembre, est de placer l’émirat sur la carte de l’art pour attirer au moins une fois par an professionnels et grands amateurs.
Pendant ce temps en France, le débat sur l’opportunité de vendre la marque « Louvre » à Abou Dhabi s’intensifie. Trente-neuf conservateurs du Musée du Louvre ont envoyé une lettre alarmiste au ministre de Culture, tandis que le Comité d’histoire de l’art s’est « félicité de l’élargissement des collaborations internationales dans les domaines des musées, en particulier avec les pays non-occidentaux », mais a « exprimé ses préoccupations légitimes ». Un manifeste favorable au projet circule aussi.
Face à cette effervescence, l’émirat semble jouer la carte du pragmatisme en envisageant éventuellement d’autres alternatives, notamment avec le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. « Notre projet est très flexible. Il peut s’adapter à n’importe quel opérateur », a déclaré à l’AFP l’architecte Hala Warde, partenaire de Jean Nouvel sur place. Réponse dans les prochains jours.
(1) Sa 8e édition réunira 80 artistes du 4 avril au 4 juin 2007.
Avec 85 % de la surface totale des Émirats arabes unis (EAU), Abou Dhabi occupe la plus grande partie des EAU. Le pays, qui s’étend sur 87 340 mètres carrés, recèle environ 9,2 % des réserves mondiales de pétrole et 4 % de celles de gaz naturel. Le revenu par habitant est de 46 185 dollars (35 517 euros), soit le plus élevé au monde. La population de l’émirat, comptant actuellement 1,6 million d’habitants, devrait atteindre 3,4 millions en 2015. L’île de Saadiyat se situe à 500 mètres au large de l’île d’Abou Dhabi à laquelle elle sera reliée par deux larges autoroutes totalisant dix voies. Ce dernier territoire, d’une superficie de 27 km2 et qui compte devenir une destination touristique, devrait également accueillir 150 000 résidents.
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Abou Dhabi c’est parti
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°253 du 16 février 2007, avec le titre suivant : Abou Dhabi c’est parti