Fin de la première phase de la campagne de restauration de L’Agneau mystique des frères Van Eyck

L'Institut royal du patrimoine artistique (IRPA, Bruxelles), en charge de la campagne de conservation et de restauration de l’Agneau mystique a fait part de ses premiers résultats lors d’une conférence de presse donnée le 27 juin dernier. Les travaux de restauration ont débuté en octobre 2012 et devraient se poursuivre jusqu’en 2017. L’entreprise s’avère être un travail de longue haleine. Afin de ne pas démunir totalement la ville de Gand de son chef-d’œuvre, la restauration des 24 panneaux de bois constituant le polyptyque de 1432 se fera en trois phases successives. Chaque phase nécessite le déplacement d’un tiers du retable pour une durée de vingt mois au Musée des beaux-arts de Gand. Depuis octobre, les huit panneaux des volets extérieurs sont ainsi restaurés dans les ateliers du musée.

Le bilan de ces huit premiers mois est à la hauteur des attentes des experts, entre découvertes et confirmations d’hypothèses. La première phase de restauration du retable a concerné le nettoyage des vernis jaunis par le temps et notamment les vernis les plus récemment posés durant la dernière campagne de restauration des années 1950. Ce premier acte de restauration a permis de mettre à jour les couleurs oubliées, notamment celle des personnages peints à la manière de sculpture en pierre dont la blancheur était restée jusqu’ici insoupçonnée.

Après concertation, la commission internationale d’experts a décidé d’approfondir le travail précédemment entrepris en retirant les anciens vernis et les repeints. Ce travail d’épuration s’avérait nécessaire et permettra de retrouver l’éclat de la couche picturale d’origine.

La restauration du cadre, partie intégrante de l’œuvre, est aussi annoncée. Cette restauration est d’autant plus attendue qu’elle soulève depuis des années une polémique sur le quatrain qui y a été inscrit. L’auteur et la datation exacte de l’inscription sont encore méconnus. Analysé avec des moyens moderne, le cadre devrait livrer de nouvelles informations chronologiques aussi précieuses pour l’œuvre que pour l’histoire de l’art.

Deux découvertes notables ont été permises par l’analyse dendrochronologique (la datation d’un bois par l’étude des "cercles" d’âge). Deux panneaux de bois se sont révélés être de même nature, c’est à dire provenant d’un seul et même bois. Cette découverte permet d’étayer l’hypothèse selon laquelle les panneaux des registres supérieurs et inférieurs ont été fabriqués, si ce n’est probablement peint, durant une même phase. La seconde découverte, plus surprenante, est celle d’un visage sur le panneau Intérieur avec vue de la ville apparaissant au niveau de la couche du dessin préparatoire.

Si les travaux de restauration sont encore loin de leur achèvement, la question de la conservation de l’œuvre est déjà posée. Une fois restauré, le retable devrait retrouver un lieu de conservation adéquat, mais les avis divergent. Certains souhaiteraient voir le polyptyque retourner dans la chapelle de Saint Baron où il est conservé depuis 1986, d’autres préfèreraient admirer l’œuvre en son lieu d’exposition initial, la Vijd Chapel pour laquelle l’œuvre fut exécutée. L’option d’une conservation dans un musée n’est cependant pas exclue.