Ziad Antar, un parfum de Liban à la Criée

Conçue comme un dispositif en mouvement, cette exposition propose une plongée kaléidoscopique dans le travail de ce plasticien né en 1978. Il puise ses sujets dans son quotidien (lui-même sous la douche, un jouet téléguidé heurtant un piège à souris…) et, pour lui, la grande économie de moyens – plans-séquences, plans fixes, absence de montage – avec laquelle il les traite lui permet de saisir une traduction « instantanée » de ses idées ; car selon lui « l’image est une idée ». Bien avant lui, Godard avait mieux formulé la puissance des images en affirmant : « Ce n’est pas une image juste, mais juste une image. » Il voulait dire qu’il ne faut point se contenter de juste une image, le but d’un film étant d’interroger cette image, de la faire travailler, correspondre avec d’autres pour produire de l’émotion. Ainsi, Antar, lorsqu’il accepte de quitter la simple astuce (La Souris n’offre guère d’intérêt), retient notre attention en montrant la poésie du réel et sa force brute. Le grain de l’image de ses Oliviers (2013) célèbre la terre nourricière ancestrale du Liban du Sud. Quant à sa vidéo Safe Sound (2006), qui filme le quotidien d’une famille libanaise secouée par la guerre, elle parvient, sans jamais rien montrer des combats, à dire la réalité du drame en captant simplement l’ennui des gens et le bruit des bombes, au loin. Le reste des vidéos, à part distiller un certain ennui – ce qui n’est pas la même chose que de montrer l’ennui ! –, apparaît en comparaison bien anecdotique.