Zang Tumb Tumb futuriste

L'ŒIL

Le 1 mars 1999 - 245 mots

En 1909, dans son célèbre manifeste paru dans le Figaro, le poète Marinetti réclamait « la destruction de toutes les librairies ». Ironie du sort, le mouvement futuriste allait être l’instigateur d’une vaste production éditoriale qui fit la fortune de ce type de commerce ! Filippo Marinetti et ses compères Fortunato Depero, Francesco Cangiullo et Carlo Carrà ont opéré de profonds changements dans la conception et le graphisme des livres ; des innovations décisives à un moment où l’écrit subit de plein fouet la concurrence de la radio et du cinéma. Un an après son ouverture, et pour sa deuxième exposition temporaire, l’Estorick Collection prend toute la mesure de cette révolution graphique, rassemblant une série de magazines, de prospectus, d’affiches publicitaires, si symboliques de cette société moderne dont les futuristes se faisaient les promoteurs. On retrouve aussi toutes les publications des artistes et écrivains rattachés à ce mouvement, au premier rang desquelles Zang Tumb Tumb, Adrianopoli Ottobre 1912, le premier livre de Marinetti. Un titre en forme d’onomatopée évoquant les détonations des canons turcs et bulgares durant le conflit balkanique de 1912. Libérer les mots d’une mise en page rigide et contraignante, « employer trois voire quatre encres différentes et même une vingtaine de typographies sur la même page », créer une poésie visuellement expressive, qui mobilise activement le lecteur... tels sont désormais les principes mis en avant par cette révolution graphique qui incontestablement forgea l’identité du mouvement futuriste.

LONDRES, Estorick Collection, jusqu’au 11 avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Zang Tumb Tumb futuriste

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