Des chaises empilées près d’une table à laquelle il manque un pied, des morceaux de bureaux en agglo « découpés »…
Au mieux peut-on songer à un show room de meubles premier prix ; au pire, à un dépôt-vente. Bienvenue dans la salle des sculptures de l’exposition monographique d’Heimo Zobernig ! Et la salle symétrique voisine consacrée à la peinture ne semble guère plus engageante, où l’on se croirait chez un grossiste en peintures blanches, avec ses monochromes démonstratifs. D’aucuns crieront au génie, les autres à l’imposture. La vérité est sans doute entre les deux. Une chose est sûre, la proposition presque rétrospective – les « œuvres » présentées au Mudam couvrent la période 1988-2013 – de l’artiste autrichien né en 1958 ne laisse pas le visiteur indifférent. Et cela tombe bien, c’est justement l’effet escompté. Les critiques informés parlent de la « distanciation » théorisée par Brecht, procédé qui consiste à tenir à distance le spectateur, « c’est-à-dire d’assumer la responsabilité de n’accepter ce qu’il voit que s’il en est convaincu en tant qu’adulte », explique Peter Brook. Marcel Duchamp, pour les arts plastiques, n’a pas dit mieux. Mais quel est l’intérêt de rejouer Duchamp en 2014 ? Pas plus que celui de rejouer Barnett Newman en peinture. Nous y voilà donc, les matériaux de Zobernig ne sont ni ceux de la sculpture ni ceux de la peinture, mais ceux du modernisme, son histoire, ses codes. Car l’Autrichien travaille les références : le constructivisme, le minimalisme, le design, etc., faisant le constat que le ready-made comme l’abstraction sont parvenus à un moment critique de leur histoire. « Ce n’est pas une attitude de provocation, jure le commissaire Clément Minighetti, mais de responsabilisation. » Bref, de « distanciation » ! Distance que l’on est bien obligé de prendre si l’on veut comprendre les différents niveaux de lecture du travail de Zobernig, qui va du plus sérieux jusqu’à l’ironie la plus totale.
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Z comme Zobernig
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Abonnez-vous dès 1 €Musée d’art moderne Grand-Duc Jean, 3, Park Dräi Eechelen, Luxembourg
www.mudam.lu
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°669 du 1 juin 2014, avec le titre suivant : Z comme Zobernig