L’outremer n’est pas une couleur propre, elle est l’expression intensifiée du bleu. En minéralogie, il s’agit du lapis-lazuli, autrement nommé « pierre d’azur ». De tous temps, l’outremer a fasciné les peintres. De ceux de la Renaissance, qui l’utilisaient volontiers pour la représentation du manteau de la Vierge, à Yves Klein, qui en revendiquait la profondeur absolue, ils en ont exploité les variations les plus subtiles. Peintre à part entière, Yves Oppenheim n’y a pas résisté. Mieux : il lui a consacré en 1998-1999 une série de 36 peintures, un travail instauré plus spécifiquement sur le rapport de trois couleurs, le bleu, le brun, le blanc. C’est celle-ci qui fait l’objet de l’exposition de Gap cet été. « La difficulté et l’enjeu de la série, c’est de faire coïncider l’énergie du motif et la mienne dans le plus grand nombre de rebondissements possibles », explique Oppenheim comme pour souligner que le seul prétexte est ici la peinture. Motif et motivation y sont indéfectiblement intriqués, l’un absorbant l’autre jusqu’à ne plus faire trace que peinte. « La peinture exige de celui qui la pratique d’essayer de capter quelque chose en lui qu’il ne connaît pas et qui résiste. Bien plus qu’abstraire, il s’agit d’extraire », nous confiait l’artiste il y a quelque temps (L’Œil n°499). Les jeux de lacis, d’entrelacs et de quadrillages qui règlent cette nouvelle série de « 36 peintures avec l’outremer » ne dérogent pas à la règle. Elle témoigne derechef de la préoccupation majeure du peintre : comment faire exister la peinture ?
GAP, Musée départemental, jusqu’au 30 septembre.
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Yves Oppenheim, éloge de l’outremer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°519 du 1 septembre 2000, avec le titre suivant : Yves Oppenheim, éloge de l’outremer