Arc en rêve centre d’architecture rend hommage au jeune paysagiste Yves Brunier, dont la (trop) brève carrière s’est immédiatement établie auprès des architectes les plus en vue, tels Rem Koolhass ou Jean Nouvel. Mort prématurément à l’âge de vingt-neuf ans, Yves Brunier laisse une œuvre dont l’éclat trahit une générosité tumultueuse que la vie n’aura pu ni apaiser ni mener à maturité.
BORDEAUX - Yves Brunier était paysagiste..., sans doute. Mais il était, avec plus de certitude encore, un jeune homme cherchant son lieu entre l’architecture (sa première vocation), le paysage (sa formation) et la peinture, avec une vitalité dont l’urgence nécessaire disait le talent brut.
Que ses quelques réalisations, en particulier celles effectuées en collaboration avec Rem Koolhass pour le jardin de la Villa dall’Ava sur la colline de Saint-Cloud ou le Museumpark à Rotterdam, ne soient pas tout à fait abouties importe peu. Sa trop courte carrière ne lui aura pas laissé le temps de faire le tour de tous les aspects d’un métier aussi complexe que celui de paysagiste.
C’est la matière initiale d’une œuvre en pleine éclosion que l’exposition donne à découvrir. Une matière éminemment picturale, à travers une floraison de dessins-peintures-collages assez éblouissante, trop encore captive cependant de cette seule facilité à manipuler la couleur et l’image. La personnalité créatrice d’Yves Brunier, par sa spontanéité même, donne un reflet assez exact de la culture de son époque, trop rapide et instable pour arriver à s’exprimer. L’image, par son immédiateté même, offrait le support idéal pour traduire une aptitude naturelle à l’expression.
Il n’est pas étonnant qu’Yves Brunier ait croisé sur son chemin Rem Koolhass, qui partageait – quoique de manière beaucoup plus intellectuelle – la même passion pour les images et les surfaces sans profondeur.... Le côtoiement de Jean Nouvel l’aurait sans doute aidé à mûrir. En témoigne le projet pour la place du Général Leclerc à Tours, face au Palais des congrès, de l’architecte parisien : l’expressionnisme d’Yves Brunier trouve sa juste mesure dans une très belle fontaine de verre en forme d’amande arrosée de jets bouillonnants, dont la pudique introversion révèle paradoxalement l’espace qui l’entoure, tout en éclairant astucieusement le parking qu’elle recouvre.
YVES BRUNIER, PAYSAGISTE (1962-1991), jusqu’au 27 octobre, arc en rêve centre d’architecture, Bordeaux, tlj sauf lundi, 12h-19h, mercredi 12h-22h. Livre coédité par arc en rêve et Birkhäuser, 128 p., 290 F.
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Yves Brunier, paysagiste-météore
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Yves Brunier, paysagiste-météore