Pour la première fois, le voile est levé sur les anciennes civilisations du Yémen. Résolument pédagogique, cette exposition fait le point sur les dernières découvertes archéologiques.
PARIS - Jusqu’à présent, les expositions consacrées au Proche-Orient mettaient en lumière les grandes civilisations telles que l’Égypte, la Mésopotamie ou la Phénicie. L’Institut du monde arabe innove en proposant au public un voyage au pays de la reine de Saba. Dans les années soixante-dix, le Yémen s’ouvre à différentes missions archéologiques, dont les travaux ont peu à peu permis d’écrire l’histoire du pays. Les quelque cinq cents objets exposés proviennent essentiellement des musées yéménites, mais également de prêts américains et de divers musées européens. Outils préhistoriques, stèles funéraires et statuaire, mais encore céramique, fragments d’inscriptions et vestiges architecturaux sont autant de témoins fascinants.
Des techniques d’irrigation à l’origine de l’écriture sudarabique en passant par la richesse minéralogique, tous les thèmes sont abordés en suivant une évolution chronologique. L’exposition brosse l’histoire des différents royaumes du Yémen, dont celui de Saba, le plus connu de l’Arabie méridionale antique. Le parcours retrace le chemin des anciens Yéménites, depuis l’aube des temps jusqu’à l’arrivée de l’Islam. Leur évolution a été fortement conditionnée par la situation géographique du pays ; le visiteur réalise d’emblée cet aspect grâce à un film qui explique la formation et le climat de la péninsule Arabique. Séparée des pays du Proche-Orient par de vastes étendues arides, la civilisation sudarabique s’est épanouie en parfaite autonomie et a perduré, presque inchangée, durant mille trois cents ans. Le visiteur est guidé dans un circuit unique où les espaces se succèdent sans être cloisonnés : “Nous avons tenu à établir une sorte de balancement lent entre les périodes, afin de souligner le caractère homogène de l’histoire du Yémen”, explique Jean-Paul Boulanger, l’un des scénographes. “La facture simple et dépouillée de l’art sud-arabique, nous a amené à construire un espace sobre, évocation du calme et de la sérénité des pièces à montrer.”
Le matériel archéologique se détache dans des vitrines épurées. Celles-ci s’inscrivent dans un environnement architectural de couleur pierre, travaillé de redans, de niches et de fausses fenêtres, chargés de références parfois directement issues des pièces présentées. De nombreux supports guident le visiteur tout au long du parcours : cartes historiques et géographiques, cartels et panneaux proposant divers degrés de lecture, audiovisuels et petit guide gratuit offrent toutes les clés pour comprendre ou approfondir ses connaissances. Le caractère pédagogique de l’exposition est essentiel pour Hana Chidiac, l’un des commissaires : “J’essaie de me mettre à la place du public ; l’IMA souhaitant faire découvrir une civilisation méconnue ne peut exposer un bel objet sans l’expliquer.” Les nombreuses découvertes archéologiques très récentes permettent d’ores et déjà d’envisager une nouvelle exposition dans quelques années. “Il reste encore beaucoup à découvrir”, affirme Hana Chidiac, qui reste “convaincue que beaucoup de choses vont changer au Yémen, notamment grâce à cette exposition”.
YÉMEN, AU PAYS DE LA REINE DE SABA, jusqu’au 28 février 1998, Institut du monde arabe (IMA), 1 rue des Fossés-Saint-Bernard 75005 Paris, tél. 01 40 51 38 38, tlj sauf lundi 10h-18h. Publications : catalogue Yémen, pays de la reine de Saba, ouvrage collectif sous la direction de Christian Robin et Burkhard Vogt, coédition IMA/Flammarion, 240 p., 275 ill., 240 F. broché, 375 F. relié ; ABCédaire, coédition IMA/Flammarion, 59 F.
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Yémen : l’Arabie heureuse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°47 du 7 novembre 1997, avec le titre suivant : Yémen : l’Arabie heureuse